Certaines personnes ont trouvé que la dernière campagne d’Amnesty International, montrant des politiciens connus transformés en réfugiés, n’était pas drôle du tout. Vu qu’il y a autant d’avis que d’humains sur terre, je comprends bien que cette campagne ne provoque pas un rire universel.
Par contre, quand certains la qualifient de «scandaleuse», alors je perds moi aussi tout sens de l’humour. Qu’y a-t-il de scandaleux à montrer des politiciens dans la situation de requérants d’asile ? Est-ce une humiliation de voir sa photo détournée et d’être montré comme un Noir somalien venu demander l’asile en Suisse ou un Syrien dans une ville réduite en cendres ?
Le vrai scandale, ce n’est pas notre campagne, mais bel et bien les durcissements incessants du droit d’asile. Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’asile en 1981, celle-ci est en révision constante. Les durcissements successifs l’auront bientôt vidée de son sens. On pourrait la renommer «loi pour dissuader toute personne de déposer une demande d’asile» !
Dans tout le débat autour des requérants d’asile en Suisse, on ne parle que des criminels et des délinquants. Petit à petit, on a oublié que notre pays a une longue tradition d’accueil, que l’immense majorité des réfugiés admis chez nous se sont intégrés et qu’ils ne posent aucun problème.
Ces gens-là devraient selon certains partis politiques être tous soumis au régime de l’aide d’urgence : 8 francs par jour pour manger, et la rue comme seul endroit où passer la journée. D’autres politiciens proposent de les mettre carrément dans des camps fermés dès qu’ils ont franchi nos frontières. Et là, je ne rigole plus du tout. Je pense à un ami réfugié en Suisse, un Colombien défenseur des droits humains qui a fui les menaces de mort à son encontre et qui travaille ici pour nos personnes âgées. Je l’imagine débarquer dans notre pays et se retrouver avec ses enfants à l’aide d’urgence ou enfermé dans un camp. Triste à pleurer.
Bien sûr, il y a des criminels parmi les requérants d’asile, il existe même des filières qui recrutent des dealers dans les centres d’accueil. Nos autorités doivent lutter contre la criminalité. Mais à force de faire des amalgames entre requérants et criminels, les politiciens attisent la peur de la population vis-à-vis de toute personne qui n’a pas une tête de Suisse à 100%.
Dans ce contexte, je ne vois pas ce qu’il y a de mal à se moquer un brin des politiciens. Quelques élus UDC ont réagi comme des vierges effarouchées. L’humour ne serait-il acceptable que quand il confirme notre vision du monde ?