Manon Schick, directrice de la Section suisse d’Amnesty International, dénonce une mise au placard des droits humains par M. Burkhalter.
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Fondamental, mais non contraignant. Ce serait resté un vulgaire bout de papier si la société civile n’en avait pas fait son texte de référence et ne s’était pas mobilisée pour le transformer en obligation. Aujourd’hui, une dizaine de conventions internationales, adoptées dans les décennies suivantes, ont une valeur juridique pour les Etats qui les ont ratifiées.
Malgré ces conventions, les violations des droits humains restent toujours aussi nombreuses : répression sanglante en Syrie, emprisonnement des blogueurs en Chine, condamnation des homosexuels en Afrique, expulsions forcées et destruction de maisons au Cambodge et au Nigeria, intimidation des défenseurs de l’environnement au Brésil… La liste est sans fin et donne souvent envie de baisser les bras.
Il ne faut toutefois pas s’attendre à des progrès à l’échelle du monde si chacun ne fait pas preuve du civisme nécessaire pour que les droits humains soient respectés dans son entourage. Ce sont les mots de la présidente de la Commission des droits de l’homme de l’époque, Eleanor Roosevelt, chargée de rédiger la Déclaration universelle. Un appel à s’engager, dans son univers propre, en faveur de ces droits.
Le respect des droits universels commence à proximité de chacun et chacune d’entre nous, dans notre commune, au travail, dans la rue. Ils nous protègent, en nous garantissant l’égalité, la non-discrimination, l’accès à l’éducation ou à l’eau potable, la présomption d’innocence ou encore la liberté d’expression. Essayons d’imaginer quelques instants notre vie sans ces droits fondamentaux : ce serait le chaos !
Les droits fondamentaux ne sont pas un concept «étranger». Ils représentent nos droits quotidiens. Par exemple, l’égalité entre femmes et hommes sur le lieu de travail, la mobilité des handicapés, l’accueil et l’intégration des migrants, la solidarité avec les personnes âgées. Les communes ou les cantons peuvent donc agir pour que les politiques publiques soient respectueuses des droits humains.
Des dizaines de milliers de personnes dans le monde sont aujourd’hui en prison ou menacées parce qu’elles se sont engagées, dans leur ville ou village, en faveur de droits fondamentaux comme celui de vivre dans un environnement propre ou pour la liberté d’expression. C’est à ces personnes qu’il faut dédier l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Parce que sans ces défenseurs des droits humains, nous ne pourrions pas jouir de nos droits.
Les droits humains nous protègent. Protégeons-les.