C’était jeudi 16 février 2012, lors de l’Assemblée générale de l’ONU: une écrasante majorité des Etats a exigé la fin des attaques contre la population civile syrienne. Il n’existe heureusement pas de droit de veto à l’Assemblée générale, contrairement au Conseil de sécurité où les diplomates russes et chinois ont honteusement réussi à empêcher toute résolution sur la Syrie depuis le début de la répression sanglante, il y a un an.
Une résolution, c’est bien, mais sur le terrain, c’est insuffisant pour mettre un terme aux attaques des forces de sécurité. Amnesty International a recensé au moins 380 morts dans la ville de Homs depuis début février 2012, et les bombardements de ces derniers jours ont alourdi le bilan. La situation humanitaire est catastrophique: manque de nourriture, de matériel médical, et interdiction faite aux ambulances d’aller chercher des blessés dans les zones aux mains de l’opposition. Les assassinats délibérés de civils, notamment d’enfants, les exécutions sommaires et la torture perpétrées en Syrie relèvent du crime contre l’humanité.
Faire pression sur une nouvelle cible: la Russie
Combien de morts faudra-t-il encore pour que la communauté internationale prenne les mesures qui s’imposent? Il est certes difficile de ne pas éprouver un sentiment d’impuissance face aux massacres en cours. Certains gouvernements ont déjà pris les bonnes mesures, en suspendant les livraisons d’armes à la Syrie et en gelant les avoirs du président syrien et de toutes les personnes ayant ordonné ou perpétré de graves violations des droits humains. Mais si l’on se refuse à une intervention militaire, qui entraînerait elle aussi des violations, alors il est nécessaire de changer de cible: il faut exercer une pression maximale sur la Russie, par toutes les voies diplomatiques possibles, pour qu’elle cesse ses transferts d’armements et qu’elle soutienne une résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Le gouvernement russe, en période de campagne pour l’élection présidentielle, ne peut courir longtemps le risque de se mettre à dos la majorité des pays arabes.
Enfin, il faut confier le dossier syrien à la procureure de la Cour pénale internationale. Le fait que cette cour ne soit pas encore saisie des crimes graves qui se produisent quotidiennement en Syrie équivaut de fait à une impunité.
Autant de mesures qui peuvent paraître vaines face à un régime prêt à des violences extrêmes pour écraser la rébellion. Elles sont pourtant nécessaires, car elles permettraient de montrer un front uni pour faire cesser le bain de sang. La communauté internationale semble aujourd’hui plus prête que jamais à agir, même s’il existe des blocages au niveau des rouages diplomatiques onusiens. Il est simplement intolérable d’assister à ces violations sans rien entreprendre, sous prétexte qu’aucune mesure ne peut réussir.