L’ambassadeur a même demandé la suspension de l’accréditation auprès de l’ONU d’Amnesty International et de Human Rights Watch, qui présentaient le documentaire.
Ce film choc, « No Fire Zone », décrit comment les autorités sri lankaises ont, en 2009, attaqué délibérément des zones qu’elles avaient déclaré « zones de cessez-le-feu », bombardant les civils qui s’y étaient réfugiés. Au travers de vidéos tournées sur des téléphones portables, le film documente plus de quatre mois d’attaques incessantes, les mettant en parallèle avec les déclarations mensongères du gouvernement sri lankais qui prétend que l’opération militaire n’a fait aucune victime.
Personne ne sait combien de personnes ont été tuées, mais les estimations de l’ONU parlent de 40'000 à 70'000 victimes. L’armée sri lankaise a pillonné des hôpitaux de fortune, pourtant identifiés par une croix rouge. Les vidéos montrent des corps d’enfants démembrés, des mères qui hurlent, des gens qui tentent de se réfugier, en vain, dans des tranchées creusées pour échapper aux bombardements. L’horreur absolue.
Malgré ces preuves accablantes, le gouvernement sri lankais refuse toute enquête indépendante. Ce n’est pas très étonnant qu’il tente de faire taire les voix accusatrices. Mais quelle arrogance de penser y parvenir à Genève ! Fort heureusement, le gouvernement suisse a rappelé que la liberté d’expression règne en Suisse et a désapprouvé cette tentative de la museler.
Autre exemple, celui de l’Ouzbékistan. La militante Mutabar Tadjibayeva, présente à Genève dans le cadre du Festival du film sur les droits humains, a été convoquée dimanche par la police genevoise, après avoir tenté de rencontrer la fille du président ouzbek dans sa villa à Cologny. Difficile de ne pas y voir une tentative de pression de la part des autorités d’Ouzbékistan. Dommage que la police y ait donné suite.
Les autorités algériennes aussi sont coutumières de l’intimidation des opposants. Par le biais de mandats d’arrêt déposés auprès d’Interpol, elles cherchent à restreindre la liberté de mouvement de réfugiés politiques algériens qui vivent en Suisse. Ceux-ci ne peuvent alors plus quitter le territoire helvétique, sous peine de se retrouver emprisonnés dans des pays voisins durant plusieurs mois, jusqu’à ce que la justice de ces pays réalise que l’Algérie ne peut pas apporter la moindre preuve pour étayer ses mandats d’arrêt.
Pour garder son rang de capitale des droits humains, Genève doit impérativement garantir la liberté d’expression et rappeler à ces régimes que leurs pratiques ne seront pas tolérées chez nous.