Lorsqu’on maltraite quelqu’un pour obtenir de lui des renseignements, on parvient parfois à le faire parler. Mais lorsqu’il parle, c’est souvent parce qu’il est prêt à dire n’importe quoi pour que la douleur cesse : toute la vérité, une partie de la vérité ou son contraire. La torture est inefficace, abjecte et immorale, et ceci dans n’importe quelle situation.
La Convention contre la torture a été adoptée il y a trente ans. Une étape essentielle dans la lutte contre ce fléau. La convention prévoit des mesures inscrites dans la loi et spécifiquement conçues pour empêcher la torture, en punir les auteurs et garantir justice et réparation aux victimes. Mais bon nombre de pays pourtant signataires de ce texte ne respectent pas leurs obligations.
Amnesty International avait mené campagne pour que cette convention existe. Aujourd’hui, nous lançons une campagne mondiale, intitulée «Stop torture», pour que cette convention soit enfin mise en œuvre. Les États doivent instaurer des garanties efficaces contre la torture : tenir un registre des arrestations, garantir aux détenus l’accès à leur famille et à un avocat, enregistrer les interrogatoires, et permettre à des commissions de surveillance indépendantes d’accéder quand elles le souhaitent à n’importe quelle cellule.
Des mesures simples, qui permettent de réduire drastiquement les cas de torture dans les pays où elles sont appliquées. Mais ce n’est pas suffisant : il faut aussi poursuivre les tortionnaires, et donc inscrire l’interdiction de la torture dans le code pénal, ce que la Suisse n’a pas encore fait. Or, il arrive que des militaires étrangers qui ont commis des actes de torture dans leur pays choisissent la Suisse pour y passer leur retraite. Notre pays doit montrer l’exemple en condamnant expressément tout acte de torture et en traduisant les tortionnaires en justice.