Par Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse.
© Valérie Chételat
Il est inquiétant de voir dans le sondage que nous avons mené - dans 21 pays répartis sur 5 continents - que plus d'un tiers des personnes interrogées estiment acceptable de torturer quelqu'un, si cela permet de protéger la sécurité de la population. Mais la torture est totalement inefficace, comme le reconnaît même un ancien agent de la CIA, Mike Baker: «Vous pouvez faire dire n’importe quoi à n’importe qui, mais vous ne pouvez avoir aucune confiance en ce qu’il dit!»
La torture est une pratique odieuse. Elle est barbare et inhumaine. Rien ne saurait la justifier. C'est une pratique indéfendable, contre-productive, qui corrompt l'état de droit et le remplace par la terreur. Personne n’est en sécurité lorsque l'État autorise son usage.
La Convention des Nations unies contre la torture a été adoptée il y a 30 ans. 155 Etats l’ont ratifiée. Et pourtant, la torture est aujourd’hui non seulement toujours pratiquée, mais elle est même prospère. Il suffirait pourtant de mesures concrètes pour réduire drastiquement les cas de torture : garantir aux détenus l’accès à leur famille et à un avocat, enregistrer les interrogatoires, et permettre à des commissions de surveillance indépendantes d’accéder quand elles le souhaitent à n’importe quelle cellule.
Amnesty International lance une campagne mondiale pour éradiquer la torture. Pour que ce fléau soit bientôt une curiosité historique qu’on ne voit plus que dans les séries américaines.