L’ex-directeur a donc trouvé une protection chez nous et est devenu chauffeur de taxi. Comme lui, des millions de personnes sont forcées chaque année de quitter leur pays pour chercher un endroit sûr où refaire leur vie. Les chiffres sont affolants : jamais depuis la Seconde Guerre mondiale il n’y a eu autant de personnes déplacées sur notre planète, plus de 51 millions.
2014 aura été l’année du record de nombre de migrants qui ont traversé la mer Méditerranée : plus de 200'000 personnes, dont plus de 4'300 sont décédés, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Et ce phénomène va en augmentant, comme en témoignent les bateaux de migrants récupérés en mer ces derniers jours.
On oublie trop souvent que derrière les chiffres se cache à chaque fois un destin individuel. Celui du militant persécuté par son gouvernement. Ou celui de cette jeune Somalienne qui avait couru le 200 mètres aux Jeux olympiques de Pékin et rêvait de participer à ceux de Londres, et qui a disparu en mer en 2012 alors qu’elle tentait de rejoindre l’Europe.
Ou encore celui de ces dizaines de milliers de familles syriennes, qui après avoir fui les bombardements et croupi dans des camps au Liban ou en Turquie, préfèrent encore risquer la mort en mer plutôt que de devoir continuer à survivre dans des conditions précaires tant que le conflit durera dans leur pays. Comment s’étonner que les gens choisissent la voie de l’exil ?
Chacun de ces migrants a un nom, un parcours, un espoir. Bien peu d’entre eux arriveront à réaliser leurs rêves, mais certains trouveront au moins la protection dont ils ont besoin. Pour que ces personnes ne soient pas à la merci de passeurs sans scrupules et qu’elles ne prennent pas des risques insensés pour rejoindre l’Europe, il est nécessaire aujourd’hui de rétablir des voies légales d’accès à notre continent.
Il faut aussi augmenter l’aide dans les pays voisins des conflits, pour la prise en charge des réfugiés sur place. Enfin, il faut accueillir les personnes vulnérables, les femmes enceintes, les blessés, les malades. Face à l’urgence syrienne, les pays européens, et la Suisse avec eux, ont la responsabilité d’admettre davantage de réfugiés.
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