Les droits humains dès l’école primaire

L’éducation en vue du développement durable fait partie du rôle fondamental de l’école. Le respect de l’environnement, les droits humains, la participation à la vie citoyenne sont autant de valeurs qui doivent être transmises aux élèves, et ceci dès l’école primaire.

Manon Schick Par Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse. © Amnesty International

Samedi dernier à Berne, le congrès national pour l’éducation en vue du développement durable «Horizons21» a réaffirmé l’importance de cette branche. Celle-ci figure clairement dans les plans d’études, tant alémanique que romand, comme capacité transversale qui devrait être acquise par tous les élèves.

Pourtant, rares sont les écoles qui ont développé des cours dans ce domaine. Cela dépend souvent du bon vouloir des enseignants et des directeurs. Et vu la surcharge des programmes scolaires, il semble difficile de vouloir y rajouter encore une heure sur ce thème. C’est pourquoi il faut trouver d’autres pistes, comme combiner les disciplines entre elles et intégrer l’apprentissage de ces compétences dans un projet pédagogique global, pour toute une classe ou toute une école.

L’éducation aux droits humains ne peut d’ailleurs pas se limiter à un cours ex-cathedra durant lequel l’élève apprendrait à réciter par cœur la Convention des droits de l’enfant. Ce serait inutile. L’enseignement de cette matière doit viser à éveiller l’esprit critique des jeunes et à leur donner les moyens d’agir.

Prenons l’exemple d’enseignantes du lycée-collège de La Planta à Sion qui ont fait appel à Amnesty pour montrer comment un objet de notre quotidien peut cacher des violations des droits humains. Au travers de l’analyse de la production d’un téléphone portable, les élèves ont évalué si l’extraction des métaux avait entraîné des violations des droits humains, notamment le recours au travail des enfants dans des mines de coltan en République démocratique du Congo, ou des conditions de travail déplorables dans une usine en Chine.   

Mais il ne suffit pas de se limiter à susciter la réflexion chez les élèves. Il faut aussi les amener à penser des solutions pour mettre fin aux injustices. Nous ne voulons pas que les élèves deviennent des êtres humains informés mais cyniques, nous souhaitons au contraire qu’ils développent des idées innovantes pour faire changer les choses. Ces élèves valaisans ont par exemple rédigé un article dans l’agenda de leur école pour sensibiliser leurs camarades au fait que notre mode de consommation peut avoir un impact parfois néfaste sur la vie de gens qui vivent à des milliers de kilomètres.

L'éducation en vue du développement durable est une incitation à l’action en faveur d’un monde plus juste, ici et ailleurs. Les élèves, en tant que futurs citoyens, tiennent ce changement entre leurs mains.

Opinion signée par Manon Schick, directrice de la Section suisse d’Amnesty International, parue le 12 mai 2015 dans le quotidien 24 Heures.