Là, ce n'étaient pas les candidats qui tournaient la roue pour remporter de l'argent, mais des policiers pour décider des sévices à infliger aux détenus. La case «position chauve-souris 30 secondes», par exemple, signifiait que le détenu était suspendu la tête en bas pendant 30 secondes. Si la roue s'arrêtait sur «20 secondes Manny Pacquiao», le détenu était roué de coups de poing pendant 20 secondes. D’autres ont reçu des décharges électriques ou des balles de fusil à plomb.
L'aspect le plus inquiétant de l'utilisation de cette roue est le plaisir que les policiers semblaient retirer des tortures qu'ils infligeaient. Ils ont torturé des détenus comme s'ils étaient au-dessus des lois, sans crainte d’éventuelles poursuites judiciaires.
Heureusement, la roue a aujourd’hui disparu et dix policiers ont été relevés de leurs fonctions. Mais ils ont reçu uniquement cette sanction administrative et aucun d'entre eux n'a été traduit en justice. Les Philippines ont pourtant ratifié deux traités internationaux contre la torture et adopté une loi progressiste contre cette pratique. Mais aucun tortionnaire n’a à ce jour été reconnu coupable au regard de cette loi.
Toutefois, la condamnation de ces pratiques par la communauté internationale porte ses fruits. Après la publication, en décembre dernier, du rapport d'Amnesty International sur les tortures policières aux Philippines, le Sénat a enfin ouvert une enquête.
La torture n’existe hélas pas qu’aux Philippines. Les révélations sur le programme secret de détentions, d'interrogatoires et de tortures de la CIA, dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme» menée par les États-Unis, ont prouvé que des pays européens se sont rendus complices de tortures et de disparitions forcées.
Des prisons secrètes ont été créées en Lituanie, en Pologne et en Roumanie. D'autres gouvernements auraient facilité ces opérations secrètes, notamment l'Allemagne, l’ex-République de Macédoine et le Royaume-Uni. Le temps du déni et des dissimulations est révolu. Ces gouvernements ne peuvent plus compter sur des motifs infondés de «sécurité nationale» et de secret d'État pour dissimuler la vérité sur leur rôle. Ils doivent agir d’urgence pour traduire les responsables en justice.