Ainsi, le candidat Trump a justifié l’utilisation de la torture. Il veut nommer des juges à la Cour suprême qui renverseraient l’arrêt de 1973 autorisant l’accès à l’avortement. Il prétend vouloir stopper l’arrivée de réfugiés syriens et construire un mur à la frontière avec le Mexique, ce qui empêcherait toute demande d’asile, en contradiction complète avec les conventions ratifiées par son pays.
On peut espérer que la rhétorique venimeuse du candidat ne devienne pas la politique officielle du gouvernement américain. Il faudra juger Trump sur ses actes. Mais ce qui est sûr, c’est que les nominations de ces derniers jours ne semblent pas aller dans le sens de l’apaisement. Celui qui est pressenti comme futur ministre de la Justice, le sénateur Jeff Sessions, a passé toute sa carrière à restreindre les droits civils. Il a soutenu des propositions visant à interdire aux musulmans d’entrer sur le territoire étasunien, s’est opposé à la réforme de la justice et au mariage homosexuel, et a vigoureusement combattu une résolution qui empêcherait l’utilisation de la torture.
Le président américain n’est certes pas le président du monde, mais ses décisions ont un impact qui dépasse largement les frontières de son pays. Par le passé, des chefs d’Etats ont souvent justifié des pratiques inacceptables en disant que si l’une des plus grandes démocraties au monde pouvait se permettre de violer les droits humains, rien ne les empêchait de faire de même.
Trump ne serait pas le premier président étasunien à autoriser des mesures contraires aux droits fondamentaux. Bill Clinton a permis à la CIA de mettre sur pied un système opaque de transfert de détenus vers des pays où ils étaient torturés. George W. Bush a lancé la « guerre contre le terrorisme » et a ouvert la prison de Guantanamo, où des centaines de détenus – dont bon nombre d’innocents – ont croupi sans jamais être jugés. Barack Obama a défendu la surveillance généralisée pratiquée par la NSA.
Mais aujourd’hui, pour la première fois, un futur président se vante de vouloir fouler aux pieds des droits fondamentaux. La réaction d’une partie de la population américaine, attachée à l’Etat de droit, ne s’est pas fait attendre. Tant mieux. Nous avons besoin d’une société civile forte, qui rejette ce discours de haine et réaffirme son attachement aux valeurs essentielles que sont l’égalité et la dignité pour toutes et tous.