Depuis deux mois et l’apparition du slogan #MeToo, on voit apparaître de nombreux commentaires inquiets de la part des hommes (et plus rarement de femmes). L’affaire Weinstein aux États-Unis, l’affaire Buttet en Suisse, et toutes les autres affaires dévoilées ailleurs dans le monde, signifieraient-elles la fin de la drague?
Alors mettons les points sur les i: les comportements rendus publics dans ces affaires ne relèvent pas du flirt entre adultes consentants. Il s’agit de comportements discriminatoires, générés par la domination masculine, encore profondément ancrée dans nos sociétés. Ces actes sont des atteintes à l’intégrité physique des femmes. Le harcèlement sexuel constitue un délit. Les témoignages montrent à quel point les femmes adoptent des stratégies d’évitement, par peur de subir de nouvelles agressions: ne plus prendre l’ascenseur avec tel ou tel homme, se déplacer toujours par deux, éviter certains lieux.
Le harcèlement contre les femmes dans l’espace public ou privé a hélas toujours existé. Ce qui est nouveau, c’est le harcèlement subi par les internautes actives sur les réseaux sociaux. Amnesty International a mandaté un institut de sondage pour interroger des femmes dans huit pays. Le constat est effrayant: près d'un quart des femmes ont déclaré avoir subi des violences ou du harcèlement sur Internet au moins une fois, ce pourcentage variant de 16 % en Italie à 33 % aux États-Unis.
L'impact psychologique des violences sur Internet peut s'avérer dévastateur. 61 % des femmes ayant déclaré avoir subi des violences ou du harcèlement en ligne ont affirmé que cela avait provoqué une baisse de l'estime de soi ou une perte de confiance en soi. Plus de la moitié ont déclaré avoir été victimes de stress, d'angoisse ou de crises de panique, notamment parce qu’elles ont reçu des menaces de viols ou d’agressions physiques, et parce que certaines de leurs informations personnelles avaient été partagées en ligne.
Les plateformes de réseaux sociaux affirment haut et fort qu'elles ne tolèrent pas les violences ciblées fondées sur le genre ou toute autre élément de l’identité d'une personne. Mais ces entreprises doivent faire en sorte que les femmes qui utilisent leurs plateformes puissent le faire librement et sans avoir peur.
Les récentes révélations ont un mérite clair: les femmes victimes de harcèlement partout dans le monde réalisent qu’elles ne sont pas seules et osent de plus en plus dénoncer ces actes. Quant aux autorités, elles sont mises sous pression de façon à enfin adopter des mesures préventives. Car c’est le rôle des gouvernements de faire en sorte que des lois, des politiques et des formations appropriées soient mises en place afin de prévenir les violences à l’égard des femmes.