Ce nouveau décret est en fait une copie quasi conforme du premier, sauf que l’Irak ne fait plus partie de la liste des pays bannis. Une preuve de plus, s’il en fallait, que ce décret ne vise pas les pays qui servent de base aux groupuscules islamistes, puisque plusieurs régions irakiennes sont sous contrôle du groupe État islamique. Il ne suffit pas de rebaptiser le décret pour cacher que le contenu est le même : un texte anti-musulman et anti-réfugiés, qui ne va servir qu’à attiser la haine contre ces populations aux États-Unis. L'idée selon laquelle ces mesures sont prises dans l'intérêt de la sécurité nationale ne résiste pas à la moindre analyse.
Une avocate iranienne de passage en Suisse la semaine passée et qui se mobilise contre les lois discriminatoires contre les femmes dans son pays me disait sa déception de ne pas pouvoir se rendre à la séance de la Commission de la condition de la femme, qui se tiendra cette semaine à New York dans l’enceinte des Nations unies. Tout cela parce qu’elle a le tort d’avoir un passeport iranien.
Des milliers de réfugiés, notamment des Syriens et des Yéménites qui avaient reçu l’autorisation d’entrer aux États-Unis dans le cadre d’un programme de réinstallation, se voient aujourd’hui bloqués dans leur pays d’origine. Des familles sont séparées, des espoirs sont anéantis. Les dossiers des personnes concernées avaient pourtant été examinés de façon scrupuleuse, l’asile leur avait été accordé par des fonctionnaires américains car elles ne représentent aucun danger pour la sécurité !
D’une certaine façon, ce deuxième décret est encore pire que le premier, car il montre que l’administration américaine poursuit sa campagne extrémiste, après que le premier décret a été bloqué par des tribunaux. Il ne reste plus qu’à espérer que la mobilisation contre cette atteinte inacceptable aux droits fondamentaux reprenne de plus belle, dans les aéroports américains, dans la rue, dans les entreprises ou les universités qui se voient affectées par cette décision.
Les organisations de défense des droits civils vont à nouveau se tourner vers la justice pour tenter de mettre en échec cette politique haineuse. Dans le cas contraire, il y a fort à parier que ce décret anti-musulman entre en vigueur et ne reste dans les mémoires comme une des pages les plus sombres de l’histoire américaine.