Depuis le 30 mars et le début de ces manifestations intitulées « La grande marche du retour », qui ont lieu chaque vendredi à la frontière entre Israël et Gaza, l’armée israélienne se livre à une attaque meurtrière contre les manifestants palestiniens. Selon plusieurs recherches d’Amnesty International, l’armée ne se contente en effet pas d’utiliser des gaz lacrymogènes pour empêcher les gens de s’approcher de la barrière, mais elle tire à balles réelles sur des personnes qui ne représentent aucun danger.
Malgré les condamnations de l’ensemble de la communauté internationale, à la notable exception des États-Unis, le gouvernement israélien n’a pas adapté les consignes – pourtant illégales – données à ses soldats. En droit international, les armes à feu ne peuvent être utilisées que pour se protéger contre une menace de mort imminente ou de blessures graves, mais l’armée continue à tirer sur des personnes non armées, qui se trouvent à plusieurs centaines de mètres de la barrière ou qui tournent le dos aux soldats. C’est ainsi qu’un footballeur de 23 ans, qui se filmait, dos à la barrière, a été touché aux deux genoux et va devoir se faire poser une prothèse pour pouvoir marcher à nouveau.
Les médecins qui ont soigné les blessés dénoncent l’utilisation de munitions militaires à haute vitesse provoquant un maximum de dégâts. Les munitions de ce type s’évasent dans la plaie et pulvérisent les os, ce qui conduit bien souvent à l’obligation d’amputer les membres touchés. Les secouristes ont d’ailleurs toutes les peines à évacuer les blessés, car l’armée les cible avec des gaz lacrymogènes ou interdit le passage de la frontière qui permettrait pourtant de transférer dans un hôpital de la Cisjordanie occupée les personnes nécessitant une opération.
Il est urgent que le Conseil de sécurité décrète un embargo sur les armes et le matériel militaire à destination d’Israël. L’heure des déclarations symboliques pour condamner sa politique meurtrière est révolue. Au vu des événements tragiques de la semaine dernière, les États doivent cesser de livrer des équipements militaires aux autorités israéliennes. La Suisse aussi devrait cesser sa collaboration militaire avec Israël tant que des soldats de cet État continueront à tuer et mutiler intentionnellement des civils qui ne font que manifester.