70 ans plus tard, il faut bien le reconnaître: le monde a certes changé mais la persécution basée sur la religion et les hommes forts qui se font élire en tenant des propos racistes et sexistes n’ont hélas pas disparu. Et quand les chefs d’État se réunissent aujourd’hui, ils sont bien incapables d’adopter des textes aussi essentiels pour répondre aux défis actuels de notre planète.
Les attaques contre les organisations et les personnes qui défendent les droits fondamentaux se multiplient à travers le monde. Derniers événements en date: la Section d’Amnesty International en Inde a été perquisitionnée et a vu ses comptes bancaires gelés, alors qu’elle respecte la règlementation indienne. Et trente membres de notre Section au Népal qui protestaient contre cet arbitraire ont été détenus durant plusieurs heures alors qu’ils manifestaient pacifiquement devant l’ambassade indienne. Quant à mes collègues hongrois, ils risquent un an de prison en raison de la nouvelle loi qui punit toute organisation qui vient en aide aux réfugiés.
Faut-il pour autant jeter la Déclaration universelle des droits de l’homme à la poubelle et considérer qu’il est aujourd’hui dépassé de la défendre? Non, certainement pas. Malgré ses septante ans, ce texte n’a pas pris une ride. Il sert toujours de référence aux personnes qui militent partout dans le monde en faveur de la défense et de la promotion des droits humains.
Cette déclaration, non contraignante, a donné naissance à de nombreuses conventions, contraignantes celles-ci, qui ont été ratifiées par une majorité d’États. Grâce à ces outils, les organisations peuvent faire pression sur les gouvernements en leur demandant de respecter leurs engagements. Que serait notre monde sans cette déclaration? Une place où il ne ferait pas bon vivre: une place où règnerait la loi de la jungle, où proliférerait la torture, où la peine de mort serait toujours monnaie courante.
Sachons reconnaître l’esprit novateur dont ont fait preuve les rédactrices et rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Célébrons cette «vieille dame» toujours alerte malgré ses septante ans. Et protégeons nos droits contre toute tentative de les remettre en question: ils me protègent, je les protège!