Celle qui est aussi avocate et coordinatrice du Centre d’aide juridico-judiciaire en RDC a résumé la situation ainsi: «Glencore, c’est un géant. Ils ont le pouvoir. Difficile dans ces conditions d’espérer la justice pour les plus vulnérables.»
Glencore n’est pas la seule entreprise basée en Suisse à se retrouver sur le banc des accusés en raison de violations des droits humains et de pollution dans ses activités à l’étranger. Partout dans le monde, des firmes helvétiques ou leurs filiales se retrouvent fréquemment pointées du doigt: travail des enfants, exportation de produits hautement toxiques interdits à la vente chez nous et utilisés sans protection dans les pays du Sud, conditions de travail inhumaines dans les fabriques d’habits...
Les exemples sont hélas nombreux et vont le rester tant que les autorités suisses ne fixeront pas des normes contraignantes pour les entreprises. Le Conseil fédéral et le Parlement refusent de légiférer. Dernier exemple en date: le 12 mars dernier, le Conseil des États a décidé de saborder le contre-projet en discussion depuis plus d’une année et demie. Par 22 voix contre 20, les sénateurs ont refusé d’entrer en matière et ont ainsi coulé quasiment tout espoir de voir un jour une loi qui oblige les entreprises à respecter les droits humains et l’environnement.
Tout espoir? Non, car la population suisse sera appelée à se prononcer l’an prochain sur l’initiative pour des multinationales responsables. Une initiative qui récolte, selon les sondages, un très large soutien: 77% d’avis favorables. Lancée et soutenue par plus de 110 organisations, dont Amnesty International, cette initiative veut ancrer dans la Constitution l’obligation pour les entreprises de respecter les droits humains et l’environnement.
Continuer à dire qu’il n’est pas nécessaire de fixer des règles et qu’on peut se contenter de mesures volontaires adoptées par les entreprises n’est pas crédible. C’est une façon de dédouaner les multinationales de toute responsabilité. C’est comme de dire qu’on n’a pas besoin de code pénal et de sanctions pour les criminels, car l’immense majorité de la population ne commet pas de crime. Sœur Nathalie l’a rappelé: Glencore aussi prétend avoir adopté des mesures volontaires. On voit bien à quel point c’est insuffisant.