Manon Schick.
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La grande majorité des femmes concernées se taisent. Par honte et par peur de ne pas être crues et de ne pas obtenir justice. Chaque victime est une victime de trop. Et chaque agression passée sous silence montre que notre système judiciaire ne fonctionne pas: des milliers d’auteurs de viols ne sont jamais poursuivis et des milliers de victimes n’obtiennent jamais justice.
La définition du viol dans le Code pénal est complètement dépassée. Malheureusement, jusqu’à maintenant, ce problème n’était pas considéré comme prioritaire par nos autorités. Les conseillers aux États qui travaillent à la révision de la définition du viol sont… trois hommes. Et le Conseil fédéral a répondu aux interpellations déposées par plusieurs femmes parlementaires en juin dernier en disant qu’il n’était pas nécessaire d’inclure la notion du consentement mutuel dans la loi. Le sexe non consenti ne sera donc toujours pas puni comme un viol.
Jeudi, à l’occasion des seize jours d’action contre la violence à l’égard des femmes, Amnesty International a déposé une pétition munie de près de 37'000 signatures auprès de la ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter. Nous demandons à nos autorités de prendre rapidement des mesures efficaces contre les violences sexuelles. Nous exigeons une réforme du Code pénal pour que tout acte sexuel non consenti puisse être adéquatement puni.
Au moment où débute une nouvelle législature, nous mettons tout notre espoir dans un Parlement plus féminin qu’auparavant. Les femmes représentent 42% des élus au Conseil national et 26% au Conseil des États, un record dans l’histoire suisse. Elles se montreront certainement plus sensibles à la question des violences sexuelles, qui frappent majoritairement les femmes. Ce problème qui concerne des milliers de personnes dans notre pays doit enfin être considéré comme une priorité.
Sinon, une nouvelle fois, ce seront les femmes qui devront attendre. Une nouvelle fois, la Suisse risque de se retrouver la lanterne rouge de l’Europe en ce qui concerne les droits des femmes. Nous attendons un signal fort de notre conseillère fédérale Karin Keller-Sutter et du nouveau Parlement. Il faut inscrire le consentement dans la loi: seul un oui est un oui!