2020
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Opinion Au-delà des urnes, la force de frappe de la société civile
Bien qu’elle ait été balayée par les cantons, l’initiative pour des multinationales responsables a révélé la force de frappe de la société civile. Cette initiative, qui prévoyait la possibilité de plaintes civiles en Suisse pour des violations des droits humains et de dégâts à l’environnement que les multinationales (ou les entreprises qu’elles contrôlent directement) commettent à l’étranger, a convaincu une majorité (50,7%) de la population. Ce score historiquement élevé pour une initiative dite de solidarité internationale a placé l’exigence d’une responsabilité accrue des acteurs économiques au sommet de l’agenda politique suisse. -
Opinion Prévenir le coût démocratique de la politique antiterroriste
800'000 morts et 37 millions de déplacés. C’est le coût de la riposte étasunienne aux attaques du 11 septembre 2001, selon une étude de l’université Brown (USA). Un bilan d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. Et l’étude se base sur des calculs prudents, puisqu’elle s’est limitée à prendre en compte les 8 conflits les plus violents (Syrie, Irak, Afghanistan, Yémen, Somalie, Pakistan, Philippines, Libye) induits par la lutte contre la terreur. -
Opinion Moria ou la politique du pompier pyromane
Moria brûle ! titrait la semaine dernière l’ensemble des médias. Si les comptes-rendus des morts en méditerranée ou les manœuvres de l’Italie, de Malte ou de l’Espagne pour empêcher les bateaux d’ONG d’accoster lorsqu’elles ont secouru des migrants ne suscite plus nulle réponse politique, cette fois-ci l’Europe a réagi, ou plutôt, elle a fait mine de réagir. Dix pays se répartiront l’accueil de 400 enfants et adolescents. La Suisse participe au programme en prenant en charge 20 d’entre eux. -
Violences raciales Le tournant Black Lives Matter
Les statistiques chiffrant les inégalités raciales aux États-Unis sont édifiantes. Taux de pauvreté et de chômage deux fois plus élevés chez les Noirs que chez les Blancs non hispaniques, écarts de richesses persistants sur plusieurs générations, mobilité sociale entravée par des difficultés d’accès à l’éducation et à des emplois bien rémunérés, surreprésentation carcérale et probabilité deux fois et demie plus grande de se faire tuer par la police. La liste est loin d’être exhaustive. Une fragilité sociale qui rime avec une vulnérabilité disproportionnée face au coronavirus: un quart des morts du Covid-19 sont afro-américain·e·s alors qu’ils ne représentent que 13 pour cent de la population. -
États-Unis Un racisme ancré dans toute la société
L’ampleur des manifestations «Black Lives Matter» à travers le monde, en réaction au meurtre de George Floyd par un policier blanc à Minneapolis, est frappante. La mort de cet homme noir asphyxié sous le genou du policier a suscité l’indignation mondiale. Avec raison. Car elle est emblématique d’une discrimination contre les personnes afro-américaines très ancrée dans la société américaine. -
Opinion Un Parlement plus féminin est plus sensible aux droits des femmes
S’il y a bien un succès qu’on doit à la grève des femmes du 14 juin 2019, c’est l’augmentation de la part des femmes au sein de notre Parlement. Suite aux élections d’octobre dernier, elles représentent aujourd’hui 42% des élu-e-s au Conseil national et 26% au Conseil des Etats. Un record absolu depuis l’introduction de l’égibilité des femmes en 1971. -
Responsabilité des multinationales Le peuple tranchera
Cette fois, c’est clair: le Parlement fédéral ne veut pas de normes contraignantes pour les multinationales. La séance de conciliation entre les deux Chambres jeudi dernier a débouché sur une proposition complètement alibi. Il suffira aux multinationales de publier un rapport sur leur attitude face aux violations des droits humains et aux atteintes à l’environnement. Pire, elles pourront même décider de ne pas publier de rapport et n’en subiront aucune conséquence. -
Multinationales responsables Dernière ligne droite avant la votation sur les multinationales
Quand j’ai débuté comme directrice d’Amnesty International, début 2011, la question de savoir comment obliger les multinationales à respecter les droits humains était déjà à l’ordre du jour. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a avalisé la même année les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, recommandant aux États de réglementer les activités des entreprises. -
Opinion 23 enfants réfugiés accueillis par la Suisse
Samedi, 23 mineurs non-accompagnés ont atterri en Suisse, en provenance de Grèce où ils étaient bloqués dans des camps de réfugiés depuis des mois, voire des années. Tous ces enfants ont de la famille en Suisse et seront accueillis par leurs proches après quinze jours de quarantaine, de façon à s’assurer qu’ils ne soient pas atteints du Covid-19. -
Opinion COVID-19: la réhabilitation des utopies
Ce silence étrange, le chant des oiseaux qui se détache sur le bitume, le souffle des arbres dont on ressent plus fortement la présence. Moment suspendu, hors du temps et de la frénésie qu’impose notre monde. Combien de choses cette étrange période nous aura-t-elle révélées? Quel avenir nous aura-t-elle permis d’entrevoir, et peut-être même d’esquisser? -
Opinion Liberté pour Nasrin et tous les autres prisonniers d’opinion
À la prison d’Evin à Téhéran où Nasrin est détenue, les visites des proches ont lieu derrière une vitre ou par téléphone et sont placées sous écoute. Les prisonnières peuvent s’acheter des produits de désinfection au magasin de la prison, à leurs propres frais. Seules les détenues condamnées à des peines de cinq ans au maximum ont droit à des sorties. Confronté à la surpopulation carcérale, le gouvernement iranien a provisoirement libéré 85'000 détenus et en a gracié 10'000. Mais Nasrin, elle, avait été condamnée à 38 ans de prison, et 148 coups de fouet. Elle ne peut donc pas quitter la prison. -
Opinion A quoi ressemblera le monde après le coronavirus?
Nous aimerions toutes et tous être capables de nous projeter dans six mois ou un an et savoir à quoi ressemblera le monde de demain. Est-ce que la solidarité dont fait preuve la population suisse vis-à-vis du personnel de santé, de nettoyage, et des employées des supermarchés se maintiendra? Est-ce qu’elle leur vaudra une revalorisation de leur salaire et de leur statut? Serons-nous toujours prêts à soutenir leurs revendications, après les avoir applaudis chaque soir sur nos balcons? -
Coronavirus Message à ceux qui regrettent de ne pas vivre en Chine
Depuis la progression de la pandémie dans les pays européens, certains se plaignent sur les réseaux sociaux que nos gouvernements n’adoptent pas «les méthodes chinoises» pour prévenir la propagation du coronavirus. Il faut comprendre par là qu’une «bonne petite dictature» permettrait de confiner sans opposition des millions de gens chez eux. -
Commentaire de Manon Schick Coronavirus: Solidarité avec les plus vulnérables dans le monde entier
Le coronavirus et les ravages qu’il provoque occupent toute l’attention, et c’est bien normal. Cependant, Amnesty International va et doit continuer à travailler pour que le monde soit plus solidaire, plus humain que jamais. -
Opinion Le Parlement considère la solidarité comme un délit
Ce jeudi, le pasteur Norbert Valley saura si le tribunal de police de Neuchâtel maintient l’amende de 1000 francs à laquelle il a été condamné pour avoir secouru un Togolais débouté de l’asile, en lui offrant de dormir dans son église. Le Parlement fédéral, lui, a tranché sur la question de la solidarité envers les personnes qui n’ont pas de statut légal: la semaine passée, une majorité du Conseil national a voté contre la décriminalisation de l’aide au séjour ou à l’entrée en Suisse. -
Turquie Deux exemples de parodie de justice
La farce continue en Turquie. La semaine dernière, deux procès avaient lieu contre des défenseurs et défenseuses des droits humains, et notamment contre mes collègues Taner Kiliç et Idil Eser, le président honoraire et l’ex-directrice d’Amnesty International Turquie. Et à deux reprises, les accusations ont malheureusement été maintenues contre des personnes qui n’ont pourtant commis aucun délit. -
Coronavirus La réaction inadéquate du régime chinois
La panique mondiale face au coronavirus a donné lieu à des réactions disproportionnées. Un patron de restaurant vietnamien à Prague a mis sur sa porte un panneau interdisant l’entrée aux Chinois. Des personnes d’origine asiatique vivant en Europe ou aux États-Unis se plaignent de comportements racistes. Mais cela reste sans comparaison avec ce qui se passe en Chine même, où la politique gouvernementale restreint massivement les droits fondamentaux des habitants. -
Opinion Enseigner à nos filles leur potentiel de puissance
Plus de 80 femmes ont accusé publiquement Harvey Weinstein de les avoir harcelées ou agressées sexuellement. Signe des douloureuses stratégies de discréditations de la part de l’accusation auxquelles une majorité de plaignantes refuse de s’exposer, et de la difficulté à construire une défense pour ces crimes commis entre quatre yeux, le procès à New York et l’inculpation à Los Angeles ne concernent au final qu’une poignée d’entre elles. -
Opinion La criminalisation de l’avortement, une tendance inquiétante
Aux États-Unis, l’accès à l’avortement est de plus en plus remis en question. L’an dernier, c’était la gouverneure de l’État d’Alabama qui décidait d’interdire l’interruption volontaire de grossesse (IVG), même en cas d’inceste ou de viol. Vendredi, le président américain soutenait la manifestation anti-avortement en défilant à Washington et en déclarant que «les droits humains commencent dans l’utérus». Ceci alors que l’IVG est pourtant légale dans le pays depuis un arrêt de la Cour suprême en 1973. -
Stop à la haine - oui le 9 février 2020 La haine homophobe n’est pas une opinion
Appeler à la haine contre les personnes homosexuelles n’est pas une question de liberté d’expression. Notre droit à exprimer nos opinions, même critiques, s’arrête là où commence le droit des autres êtres humains à ne pas subir de discrimination. Au même titre que la haine raciste n’est pas une opinion et que le fait de tenir des propos racistes de façon publique est puni par le code pénal, les appels à la haine homophobe devraient eux aussi être punis.