Manon Schick.
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Certains se sont réjouis que l’épidémie ait démarré dans un pays non démocratique, dans lequel le régime autoritaire peut décider du jour au lendemain de placer des millions de personnes en quarantaine, et pensent que cela permettra de mettre fin à la propagation de manière beaucoup plus rapide. Mais en réalité, la réaction initiale du gouvernement chinois a ralenti la mise en place des mesures nécessaires.
Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement chinois a en effet déployé des efforts de grande ampleur pour supprimer les informations sur le coronavirus et les dangers qu’il représente pour la santé publique. Fin décembre 2019, des médecins à Wuhan avaient pourtant tenté de tirer la sonnette d’alarme, en informant leurs collègues de leurs craintes au sujet de patients présentant des symptômes similaires à l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Ils ont immédiatement été réduits au silence et sanctionnés par les autorités locales pour «propagation de rumeurs». C’est notamment le cas de Li Wenliang: le médecin chinois avait été le premier à mettre en garde contre ce virus, ce qui lui a valu d’être réprimandé par la police de Wuhan. Il est décédé la semaine dernière après avoir été contaminé.
Le gouvernement chinois s’en prend aussi aux personnes qui tentent de partager sur les réseaux sociaux des informations sur la maladie: Chen Qiushi, avocat au franc-parler et journaliste citoyen, a signalé avoir été harcelé par les autorités après avoir posté des vidéos filmées dans les hôpitaux de Wuhan. De nombreux articles dans les médias ont été censurés depuis le début de la crise. Ce faisant, les autorités risquent de taire des informations qui pourraient aider la communauté médicale à combattre le coronavirus et les habitants à se protéger.
Les démarches visant à minimiser la gravité de l’épidémie ont été soutenues par les plus hautes sphères du régime chinois, comme en témoigne le lobbying agressif de la Chine auprès de l’Organisation mondiale de la santé pour qu’elle ne déclare pas l’urgence sanitaire mondiale. Ce qu’elle a quand même fini par faire, mais très tardivement.
Si le gouvernement chinois n’avait pas fait usage de sa machine répressive et n’avait pas cherché à minimiser le danger, le monde aurait pu réagir plus vite à la propagation du virus.