© Multinationales responsables
© Multinationales responsables

Responsabilité des multinationales Le peuple tranchera

Opinion signée Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse, parue dans ArcInfo, le 6 juin 2020.
Cette fois, c’est clair: le Parlement fédéral ne veut pas de normes contraignantes pour les multinationales. La séance de conciliation entre les deux Chambres jeudi dernier a débouché sur une proposition complètement alibi. Il suffira aux multinationales de publier un rapport sur leur attitude face aux violations des droits humains et aux atteintes à l’environnement. Pire, elles pourront même décider de ne pas publier de rapport et n’en subiront aucune conséquence.

Manon Schick. © AI Le Parlement est donc prêt à se contenter de jolies brochures sur papier glacé dans lesquelles des entreprises prétendront faire tout juste. A l’image de Glencore, la plus grande entreprise de matières premières du monde qui est basée dans le canton de Zoug, qui vient de publier son « rapport de durabilité 2019 » et qui a recensé « zéro incident grave en matière de droits humains » dans ses activités. L’organisation RAID relève pourtant qu’en février 2019, un camion-citerne transportant de l’acide hautement toxique vers une filiale de Glencore au Congo s'est renversé et que la fuite d’acide a provoqué la mort de 21 personnes. C’est ce que la multinationale appelle « zéro incident »…

Puisque le Parlement se contente de si peu, nous maintenons notre initiative pour des multinationales responsables, et la population suisse sera donc appelée à trancher, probablement le 29 novembre. Notre coalition, forte de plus 120 organisations et 300 comités répartis dans toute la Suisse, est prête à mener campagne et à expliquer aux votants que les multinationales ne sont pas au-dessus des lois. Si elles exploitent des enfants, polluent des rivières ou expulsent des communautés indigènes, elles doivent rendre des comptes et payer des dédommagements. C’est bien le minimum qu’on doit pouvoir exiger !