Le 14 août 2024, le président Evariste Ndayishimiye a signé un décret accordant à Floriane Irangabiye une grâce totale. Ce décret a été rendu public le lendemain, et Floriane Irangabiye a été libérée de prison le 16 août.
Floriane Irangabiye, journaliste, se trouvait en détention depuis qu’elle avait été interpellée le 30 août 2022 au Burundi, où elle était venue en visite depuis le Rwanda. Elle a été détenue plus d’une semaine au Service national de renseignement (SNR), où elle a fait l’objet d’interrogatoires sans assistance juridique, avant d’être transférée à la prison de Mpimba. Fin septembre 2022, elle a été transférée à la prison de Muyinga, où ses conditions de détention dans un environnement humide et enfumé auraient aggravé son asthme et gravement détérioré sa santé. À la suite de demandes officielles de transfert, ainsi que de pressions internationales, dont la mobilisation des militant·e·s d’Amnesty International, Floriane Irangabiye a été transférée en octobre 2023 à la prison de Bubanza, plus proche de Bujumbura.
Le 2 janvier 2023, le tribunal de grande instance de Mukaza, à Bujumbura, l’a déclarée coupable d’atteinte à l’intégrité du territoire national et l’a condamnée à une peine de 10 ans de prison, assortie d’une amende. Le ministère public n’a pas présenté d’éléments de preuve crédibles au cours de son procès, entaché de graves irrégularités ; sa déclaration de culpabilité s’est fondée sur des propos qu’elle avait tenus dans le cadre d’une émission sur Radio Igicaniro, une plateforme en ligne exilée qu’elle a cofondée en 2019, lors de laquelle elle a, ainsi que d’autres invités, vertement critiqué le gouvernement du Burundi.
Le 2 mai 2023, la cour d’appel de Mukaza a confirmé la déclaration de culpabilité. Elle a jugé que son premier interrogatoire par le Service national de renseignement (SNR) avait enfreint le Code de procédure pénale, puisqu’il a eu lieu sans assistance juridique et sans qu’elle n’ait été informée de son droit de garder le silence, mais n’a pas ordonné de réparation parce que la loi ne prévoit pas explicitement la nullité de la procédure en cas d’interrogatoire par le SNR. Les avocat·e·s de Floriane Irangabiye ont introduit un recours devant la chambre de cassation de la Cour suprême, mais cette dernière a statué contre la journaliste le 13 février 2024 et confirmé la condamnation. À la suite de cette décision de la Cour suprême, une demande en révision a été présentée à la ministre de la Justice.
Les militant·e·s d’Amnesty International ont fait campagne sans relâche en faveur de sa libération. S'adressant aux médias tout de suite après sa libération, Floriane Irangabiye a tout particulièrement mentionné le soutien d'Amnesty International, parmi d'autres organisations s’étant mobilisées pour sa libération.
Aucune action complémentaire n’est requise. Un grand merci à toutes les personnes qui ont envoyé des appels.
English version (click on title to open):
Burundian journalist Floriane Irangabiye received a presidential pardon on 14 August 2024 and was released from prison on 16 August 2024. She had been serving a 10-year sentence for «threatening the integrity of the national territory» on account of comments made on an online radio show in August 2022.
On 14 August, President Evariste Ndayishimiye signed a decree granting Floriane Irangabiye a full pardon. It was published the next day and Floriane Irangabiye was released from prison on 16 August.
Floriane Irangabiye, a journalist, had been in detention since her arrest on 30 August 2022, while on a visit home to Burundi from Rwanda. She was held for more than a week at the National Intelligence Service, where she was questioned without the presence of a lawyer, before being transferred to Mpimba Prison. In late September 2022, she was transferred to Muyinga Prison where it has been reported that the damp and smoky conditions of detention aggravated her asthma and her health deteriorated badly. After official requests for a transfer and international pressure, including mobilization by Amnesty International activists, Floriane was transferred in October 2023 to Bubanza Prison, which is closer to Bujumbura.
She was convicted by the Mukaza High Court in Bujumbura on 2 January 2023 of endangering the integrity of the national territory and sentenced to 10 years in prison, in addition to a fine. The prosecution failed to provide credible evidence during her deeply flawed trial and her conviction was based on comments made during a radio show for Radio Igicaniro, an online platform in exile that she co-founded in 2019, in which she and other guests were highly critical of the Burundian government.
On 2 May 2023, the Court of Appeal of Mukaza upheld the conviction. The court found that her initial interrogation by the SNR violated the Criminal Procedure Code because it was conducted without a lawyer present and without informing her of her right to remain silent, but it did not offer a remedy because interrogation by the SNR was not one of the circumstances in which the law explicitly provides for nullifying the procedure. Her lawyers filed a further appeal at the Cassation Chamber of the Supreme Court, but the court ruled against her on 13 February 2024 and upheld the conviction. Following the Supreme Court’s February decision, a request for revision was lodged with the Minister of Justice.
Amnesty International activists have campaigned tirelessly on her behalf. Speaking to the media immediately after her release, Floriane Irangabiye made a special mention of Amnesty International’s support, among other organisations who had campaigned for her release.
No further action is requested. Many thanks to all who sent appeals.