Les proches des 43 étudiants disparus à Ayotzinapa et les organisations qui les soutiennent ont demandé à plusieurs reprises au gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador de veiller à ce que les forces armées fournissent plus de 800 documents qu’ils estiment cruciaux pour les investigations. Amnesty International a par conséquent demandé aux autorités mexicaines de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour que le secrétariat à la Défense nationale (SEDENA) fournisse dès que possible ces documents et que les expert·e·s internationaux indépendants (Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants, GIEI en espagnol) qui ont par-ticipé aux enquêtes puissent les examiner.
Le 3 juin, le président Andrés Manuel López Obrador a rencontré des proches des 43 étudiants disparus pour la première fois depuis septembre 2023. Selon le gouvernement mexicain, lors de cette réunion, le président a fourni 15 des plus de 800 documents demandés au SEDENA. Cependant, les organisations présentes à la réunion ont déclaré qu’Andrés Manuel López Obrador avait souligné qu’il y avait eu plus de 250 recherches sur le terrain, mais aucune identification des étudiants, et a accusé le GIEI d’entraver l’enquête. Il a également promis de maintenir la communication avec les proches jusqu’à la fin de son mandat et invité la présidente élue Claudia Sheinbaum à effectuer un suivi.
La campagne publique appelant le président Andrés Manuel López Obrador à fournir tous les documents concernant la disparition des 43 étudiants, y compris les appels envoyés par des membres d’Amnesty International, a contribué à maintenir l’attention braquée sur ces enquêtes et à soutenir les familles dans leur épineuse quête de justice. Nous continuerons de suivre l’enquête sur la disparition de ces 43 étudiants et d’appeler l’État mexicain à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que les familles des victimes puissent connaître la vérité et que les responsables présumés soient poursuivis.
Aucune action complémentaire n’est requise. Un grand merci à toutes les personnes qui ont envoyé des appels.
Le 26 septembre 2014, 43 étudiants de l'École normale rurale d'Ayotzinapa, à Iguala, dans l'État de Guerrero (Mexique), ont disparu. En 2018, le gouvernement fédéral actuel a repris les enquêtes et tenté de les relancer. À cette fin, le gouvernement mexicain a créé la Commission pour la vérité et l'accès à la justice, et l'Unité spéciale d'enquête et de procédure pour l'affaire d’Ayotzinapa. Des organisations internationales de défense des droits humains ont également collaboré aux enquêtes, en particulier la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), par l'intermédiaire du Groupe interdisciplinaire d'experts indépendants (GIEI).
Les derniers résultats des enquêtes ont montré la possible omission ou participation des forces armées dans la disparition des 43 étudiants. Il existe par exemple des preuves: que des agents des renseignement militaires se sont infiltrés dans l'École normale rurale d'Ayotzinapa en tant qu'étudiants, et ont surveillé les étudiants disparus après qu'ils ont quitté l'école ; que d'autres agents de l'unité des renseignements de l'armée ont suivi les étudiants à Iguala ; que d'autres agents militaires ont surveillé les étudiants entre leur arrivée à Iguala et leur disparition ; que diverses voitures de police ont patrouillé dans les zones où les étudiants ont été attaqués, et ont pris contact avec certains étudiants sans leur apporter d'aide.
Malgré les progrès enregistrés dans ces enquêtes, le gouvernement fédéral n’a pas fourni les documents manquants concernant l'affaire d'Ayotzinapa. En 2023, le GIEI a signalé que le gouvernement a refusé de remettre 800 documents de l'armée, en particulier un document sur le transfert de 17 étudiants du poste de police municipal vers la périphérie d'Iguala, qui s’appuie sur les écoutes militaires des téléphones portables du directeur adjoint de la police locale et du chef du groupe criminel local Guerrero Unidos. Après le refus du gouvernement de fournir ces documents, le GIEI a abandonné les recherches. Les proches des victimes d'Ayotzinapa, qui ont connaissance de l’existence de ces documents, insistent depuis juillet 2023 pour qu'ils soient remis. Le sous-secrétaire aux Droits humains, à la population et aux migrations, Alejandro Encinas Rodríguez, a confirmé l'existence de ces documents. Alejandro Encinas Rodríguez a cependant démissionné en octobre 2023 et le gouvernement refuse de livrer ces documents.
Depuis 2023, le président Andrés Manuel López Obrador a lancé une série d'attaques visant à discréditer les organisations de défense des droits humains qui conseillent les parents des 43 étudiants, telles que le Centre des droits humains Miguel Agustín Pro Juárez et le GIEI.