Des poursuites pénales ont été engagées contre lui pour «entrave à l’exercice de fonctions publiques exercées par un représentant de l’État» à un poste de contrôle à Kohala, près de Muzaffarabad. Il a ensuite été accusé de terrorisme et de rassemblement illégal dans une autre affaire. Ahmad Farhad a été libéré sous caution le 14 juin; il reste cependant inculpé et les enquêtes sur ces allégations se poursuivent.
Ahmad Farhad est un journaliste pakistanais de 38 ans d’origine cachemirie qui a été enlevé par quatre hommes à son domicile d’Islamabad, à 1 heure du matin le 15 mai 2024 . Sa famille l’a vu être embarqué à bord d’un véhicule inconnu. La famille a déposé une requête en habeas corpus auprès de la haute cour d’Islamabad pour qu’Ahmad Farhad soit présenté devant un juge, et la police a ensuite ouvert une enquête sur l’ordre de la cour. La haute cour a ordonné à la police de lui rendre compte de l’état d’avancement de l’enquête. Le 17 mai, l’épouse d’Ahmad Farhad aurait reçu un appel des inconnus l’ayant enlevé, lui demandant de retirer sa requête devant la haute cour en échange de son retour. Il n’a pas été libéré après qu’une demande de retrait a été déposée par ses avocats le lendemain.
Il est réapparu le 29 mai à un poste de contrôle à Kohala, près de Muzaffarabad, dans l’Azad Cachemire, administré par le Pakistan. Il a été placé en détention et un procès-verbal introductif a été déposé contre lui au poste de police de Dhirkot, en vertu de l’article 186 du Code pénal de l’Azad Cachemire pour «entrave aux fonctions publiques exercées par un représentant de l’État». Il a demandé une libération sous caution devant le juge des sessions de Muzaffarabad le 30 mai 2024, mais sa requête a été rejetée le 4 juin 2024.
Entretemps, il a été inculpé par le biais d’un procès-verbal introductif déposé au poste de police de la division de Bishmo, à Muzaffarabad, en date du 13 mai 2024. Il est notamment accusé de complot criminel (120-B), de participation à des émeutes (147/148), de rassemblement illégal (149), de tentative de meurtre (324), de violences visant à empêcher un représentant de l’État de s’acquitter de ses fonctions publiques (353), de destruction de biens (427/436) et de faits de terrorisme, en vertu de la Loi antiterroriste de 1997. Le procès-verbal introductif a été déposé contre des «personnes inconnues» en relation avec la Longue marche du Cachemire, organisée par le Comité d’action Awami conjoint du territoire de Jammu-et-Cachemire, et revendiquant des droits économiques, une réduction des tarifs d’électricité, des subventions pour le blé et une augmentation de la fiscalité pour les groupes à revenu élevé, au cours de laquelle quatre personnes ont été tuées, dont un fonctionnaire de police. Ahmad Farhad n’était pas présent lors des manifestations; il en rendait cependant compte depuis Islamabad. Il a été impliqué dans l’affaire sur des allégations de publication de «contenu haineux sur les réseaux sociaux, en particulier Facebook», selon l’ordonnance de libération sous caution datée du 14 juin 2024.
Ahmad Farhad a été libéré sous caution le 14 juin 2024, alors que l’affaire faisait l’objet d’une enquête. Les charges retenues contre lui demeurent et l’enquête se poursuit.
Ahmad Farhad est un journaliste ayant 15 ans d’expérience, et a travaillé pour plus de 10 grandes chaînes d’information télévisées pakistanaises, dont Bol News, Hum News, Neo News et Capital TV. C’est également un poète ourdou renommé, qui aborde des thèmes politiques tels que les disparitions forcées dans son art. Il est actif sur les réseaux sociaux. Il critique ouvertement l’ingérence politique des forces armées au Pakistan et a été menacé par le passé en raison de son opposition. Au moment de son enlèvement il travaillait comme journaliste indépendant, après que plusieurs de ses anciens employeurs l’ont licencié du fait de pressions exercées par les autorités. Il était placé sous surveillance depuis deux ans et son ordinateur portable avait été saisi l’an dernier. Ahmad Farhad est père de quatre enfants, dont le plus jeune a quatre ans. Sa santé s’est détériorée durant sa disparition forcée. Il a visiblement perdu beaucoup de poids. Depuis sa libération, il se remet peu à peu.
Au Pakistan, les disparitions forcées sont un moyen de réduire au silence des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains, des opposant·e·s et des groupes appartenant à des populations minoritaires, en particulier du Baloutchistan et de la province de Khyber Pakhtunkhwa. Il n’existe pas de loi criminalisant les disparitions forcées et l’État ne fait toujours pas respecter l’obligation de rendre des comptes. Les familles des personnes disparues sont régulièrement victimes de harcèlement, de surveillance et d’intimidation de la part de l’État parce qu’elles demandent des comptes au nom de leurs proches. La pratique des disparitions forcées viole le droit à la liberté, le droit à un procès équitable et le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le Pakistan a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Passez à l'action !
Défendez les droits de Ahmad Farhad et envoyez une lettre d'appel – par courrier ou e-mail, par fax et/ou sur les réseaux sociaux – à la ou aux personnes cibles désignées.
→ Délai pour prendre action: 28 octobre 2024.
→ Veuillez écrire de préférence en anglais ou dans votre propre langue.
Monsieur le Premier ministre,
Je vous écris pour vous faire part de mes inquiétudes au sujet des accusations portées contre Ahmad Farhad, journaliste et poète pakistanais, et du fait que quatre hommes en civil l’ont soumis à une disparition forcée à son domicile, à Islamabad, le 15 mai 2024. Bien qu’un procès-verbal introductif concernant sa disparition ait été enregistré sur ordre de la haute cour d’Islamabad, son sort est resté inconnu jusqu’au 29 mai, date à laquelle il est réapparu dans l’Azad Cachemire, à un poste de contrôle à Kohala, près de Muzaffarabad. Il a ensuite été placé en garde à vue et une plainte a été déposée contre lui pour «entrave à l’exercice de fonctions publiques exercées par un représentant de l’État», au poste de police de Dhirkot. Il a depuis lors également été impliqué dans une autre affaire datant du 13 mai 2024, dans laquelle il n’est pas nommé, pour publication de contenus haineux sur les réseaux sociaux, en particulier Facebook, concernant la Longue marche du Cachemire.
Si j’apprécie les efforts déployés par le gouvernement pour retrouver Ahmad Farhad, je continue à déplorer vivement les accusations forgées de toutes pièces portées contre lui et par les enquêtes en cours diligentées en vertu du Code pénal et de la loi antiterroriste de l’Azad Cachemire. S’il est déclaré coupable, il encourt jusqu’à 10 ans en prison. Outre les affaires en cours et sa récente disparition forcée, Ahmad Farhad a longtemps subi diverses formes d’intimidation de la part des autorités de l’État et est maintenant pris pour cible en raison de ses activités sur les réseaux sociaux. Ce journaliste couvrant mouvements sociaux et manifestations pacifiques, et ayant plaidé contre les disparitions forcées ne devrait pas faire l’objet de poursuites pénales. Aucune enquête n’a en outre été ouverte sur sa disparition forcée.
J’exhorte donc votre gouvernement à:
- Abandonner toutes les poursuites pénales ouvertes contre Ahmad Farhad et mettre fin au harcèlement et aux actes d’intimidation dont il fait l’objet pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression;
- Veiller à ce que toute personne soupçonnée d’être pénalement responsable de la disparition forcée d’Ahmad Farhad fasse l’objet d’une enquête et soit jugée par des tribunaux civils conformément aux principes d’un procès équitable sans recours à la peine de mort.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma haute considération.
Dear Prime Minister Chaudhry Anwar-ul-Haq,
I am writing to express my concerns regarding the charges against Pakistani journalist and poet, Ahmad Farhad, and his previous enforced disappearance from his home in Islamabad on 15 May 2024 by four men in plain clothes. Despite a First Information Report (FIR) regarding his disappearance being filed on orders of the Islamabad High Court, his whereabouts remained unknown until 29 May when he resurfaced in Azad Jammu and Kashmir, at a check post in Kohala, near Muzaffarabad. He was then taken into custody and a case was filed against him for «obstructing public servant in discharge of public functions», at Dhirkot Police Station. He has since also been implicated in another case dated 13 May 2024, in which he is not named, on charges of posting probative and hateful content on social media, especially Facebook, regarding the Kashmir Long March.
While I appreciate the government’s efforts to recover Ahmad, I remain deeply concerned about the trumped-up charges filed against him and the ongoing investigations under the Azad Kashmir Penal Code and Anti-Terrorism Act. If found guilty, he can spend up to 10 years in prison. In addition to the current cases and his recent enforced disappearance, Ahmad has long endured various forms of intimidation from state authorities and is now being targeted for his social media activities. As a journalist covering social movements and peaceful protests, and for advocating against enforced disappearances, he should not be subjected to criminal charges. Furthermore, no investigation into Ahmad’s enforced disappearance has been opened.
Therefore, I urge your Government to:
- Drop all criminal proceedings against, and end the harassment and intimidation of, Ahmad Farhad for exercising his right to freedom of expression;
- Ensure that anyone suspected of criminal responsibility for their involvement in Ahmad’s enforced disappearance is investigated and tried before civilian courts through principles of fair trial without recourse to the death penalty.
Yours sincerely,
Ahmad Farhad’s Twitter/X account: @AhmadFarhadReal.
→ He can be tagged in posts.
Ahmad Farhad’s wife’s Twitter/X handle: @AinNaqvii.
→ She has been campaigning for his release and regularly shares updates on his case.
Prime Minister’s Twitter handle: @PMOAJK.
→ Please make sure the target is tagged in every post about this case.
#DropCaseAgainstAhmad
Tweets/Social media posts:
Post 1:
Journalist and poet Ahmad Farhad was forcibly disappeared on 15 May 2024 from Islamabad, Pakistan and since his recovery on 29 May 2024 he has faced false charges for his reporting of protests and social movements. @PMOAJK must drop all charges against him.
#DropCaseAgainstAhmad
Post 2:
Ahmad Farhad is a Pakistani-Kashmiri journalist and poet who has spoken fearlessly about human rights and enforced disappearances in Pakistan. @PMOAJK must withdraw the charges against him after his 2-week enforced disappearance and the perpetrators of his disappearance be held accountable.
#DropCaseAgainstAhmad
Post 3:
Pakistani journalist and poet Ahmad Farhad’s family spent 2 weeks without any information about his whereabouts. Even after his return, he is battling charges against him for raising his voice for human rights. @PMOAJK must withdraw the charges against Ahmad.
#DropCaseAgainstAhmad
Premier ministre de l’Azad Cachemire:
Chaudhry Anwar-ul-Haq
Prime Minister Azad Jammu and Kashmir
Prime Minister Secretariat
Muzaffarabad
Pakistan, 13100
E-mail: [email protected]
Twitter/X: @PMOAJK
Documents actuels
MODÈLES DE LETTRE PRÊTS À IMPRIMER/TÉLÉCHARGER:
• MODÈLE DE LETTRE FRANÇAIS 046/24-1 (Word)
• MODEL LETTER ENGLISH 046/24-1 (Word)
CETTE ACTION URGENTE COMPLÈTE (DOCUMENT WORD):
(Page 1 informations, page 2 modèle de lettre)
• UA 046/24-1 – FRANÇAIS
• UA 046/24-1 – ENGLISH
→ Utilisez un modèle de lettre à disposition ci-bas ou écrivez avec vos propres mots
→ Options d'envoi et personne(s) cible(s) voir : ADRESSES et GUIDE RÉSEAUX SOCIAUX
→ Frais d'envoi par poste: Europe = CHF 1.90 / tous les autres pays = CHF 2.50
→ Vous trouvez plus d'informations quant à la participation aux actions de lettre ici
English version (click on title to open):
On 15 May 2024, Ahmad Farhad, a Kashmiri journalist and poet, outspoken critic of enforced disappearances and known for his support for social movements, was forcibly disappeared from his home in the capital city of Pakistan, Islamabad. Two weeks later, on 29 May 2024, Ahmad resurfaced in the custody of police in Pakistan-administered Jammu and Kashmir. A criminal case was filed against him for «obstructing public servant in discharge of public functions» at a check post in Kohala, near Muzaffarabad. Subsequently, he was implicated in another case on charges related to terrorism and unlawful assembly. Ahmad was released on bail on 14 June; however, the charges against him remain and the investigations into these allegations are ongoing.
Ahmad Farhad is a 38-year-old Pakistani journalist of Kashmiri origin who was abducted from his home in Islamabad at 1 am on 15 May 2024 by four men. His family witnessed him being taken away into an unknown vehicle. The family filed a habeas corpus petition at the Islamabad High Court to produce him in court and the police subsequently started the investigation on the orders of the Court. The High Court has ordered the police to report its progress in the investigation to the court. On 17 May, Ahmad’s wife received a call allegedly from his unidentified abductors to withdraw her petition at the High Court to secure Ahmad’s return. He was not released after an application to withdraw was filed by her lawyers the next day.
Ahmad resurfaced on 29 May at a check post in Kohala, near Muzaffarabad in Pakistan-administered Azad Jammu and Kashmir. He was taken into custody and an FIR was filed against him at Dhirkot Police Station under section 186 of the Azad Kashmir Penal Code (APC) for «obstructing public servant in discharge of public functions». He applied for bail before Sessions Judge, Muzaffarabad on 30 May 2024 but was denied bail on 4 June 2024.
Meanwhile, he was charged in an FIR filed at Bishmo Division Police Station Sadar, Muzaffarabad dated 13 May 2024. The charges against him, among others, relate to criminal conspiracy (120-B), rioting (147/148), unlawful assembly (149), attempt to murder (324), assault to prevent public official from completing their public duty (353), destruction of property (427/436) of APC and charges of terrorism under the Anti-Terrorism Act, 1997. The FIR was filed against «unknown persons» in connection with the Kashmir Long March organized by the Jammu Kashmir Joint Awami Action Committee (JAAC) demanding economic rights, reduced electricity tariffs, wheat subsidies and increased taxation for high income groups, in which 4 people were killed, among them a police official. Ahmad was not present at the protests; however, he was reporting on them from Islamabad. He has been implicated in the case on allegations of posting «probative and hateful content on social media, especially Facebook» as per the bail order dated 14 June 2024.
Ahmad was granted bail on 14 June 2024 while the case was being investigated. The charges against him remain and the investigation continues.
Ahmad is a journalist with 15 years of experience and has worked for over 10 mainstream Pakistani TV news channels, including Bol News, Hum News, Neo News and Capital TV. He is also a renowned Urdu poet, who has raised political themes such as enforced disappearances in his poetry. Ahmad has an active presence on social media. He has been an outspoken critic of political interference by the armed forces in Pakistan and has faced threats in the past due to his dissent. He was currently working as a freelance journalist after repeatedly being let go by previous employers due to pressure from state authorities. Ahmad had been under surveillance for the last two years, and his laptop was confiscated last year by the authorities. Ahmad has four children, the youngest among them is four years old. His health deteriorated while he was disappeared. He visibly lost a lot of weight. Upon his release, he has been recovering.
Enforced disappearances have been used in Pakistan to silence journalists, human rights defenders, dissenters and groups belonging to minority populations, particularly from Balochistan and Khyber Pakhtunkhwa. There is no law criminalizing enforced disappearances and there persists a lack of accountability from the state. Families of the disappeared are regularly subject to harassment, surveillance and intimidation by the state for demanding accountability for their loved ones. The practice of enforced disappearances violates the right to liberty, right to a fair trial and right to freedom from torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment. Pakistan has ratified the International Covenant on Civil and Political Rights (ICCPR) and Convention against Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment of Punishment.
Take action
Write an appeal in your own words or use the model letter below. You find a ready-to-print model letter under
→ DOCUMENTS ACTUELS
→ Addresses see above in ADRESSES
Please also take action on Social Media. See above in
→ Guide Réseaux sociaux (Social Media)
→ Please take action before 28 October 2024.
→ Preferred language: English. You can also write in your own language.