Un membre du parti au pouvoir a alors engagé des poursuites contre Selim Khan «au titre de la récente Loi sur la cybersécurité et du Code pénal». Ce dernier a été arrêté le 4 novembre 2023 et ses demandes de libération sous caution ont été rejetées à plusieurs reprises, alors que les chefs d’inculpation retenus contre lui pouvaient donner lieu à une telle mesure. Sa libération sous caution a finalement été acceptée le 13 mars 2024, mais il reste détenu en raison de lenteurs procédurales. Selim Khan doit être libéré immédiatement et sans condition.
Selim Khan est un blogueur athée âgé de 19 ans qui vit dans un village du sud-ouest du Bangladesh, pays majoritairement musulman.
Sur son blog, il exprime des opinions critiques à l’égard de la religion, et les habitant·e·s de son village le connaissent comme une personne athée et critique envers l’islam. Son avocat a déclaré à Amnesty International que lui et son client pensaient que la personne ayant diffusé le commentaire de Selim Khan publiquement sur Facebook avait rejoint le groupe privé Facebook afin de faire une capture d’écran de ses messages pour l’attaquer personnellement.
Le responsable politique qui a vu les captures d’écran de son commentaire sur Facebook et porté plainte avait auparavant sommé Selim Khan de ne plus exprimer en ligne ce type d’opinions. D’après un compte rendu de la police, les captures d’écran ont poussé une foule en colère à se rassembler devant la maison de Selim Khan. Celui-ci l’avait déjà quittée pour sa sécurité et la police a fini par disperser la foule. Le compte rendu accuse également Selim Khan d’utiliser son blog pour exprimer des opinions critiques sur la religion. La Loi sur la cybersécurité (CSA) a été présentée par le gouvernement en septembre 2023 pour remplacer l’ancienne Loi sur la sécurité numérique (DSA), aux dispositions draconiennes. Néanmoins, la Loi CSA conserve de nombreux éléments répressifs de la Loi DSA qui ont déjà été utilisés pour menacer des personnes et restreindre les droits à la liberté d’expression et au respect de la vie privée. Même si le ministre de la Justice a présenté la Loi CSA comme plus respectueuse des droits humains, notamment parce que les peines d’emprisonnement pour diffamation ont été retirées et que le nombre d’infractions pouvant donner lieu à une libération sous caution a été augmenté, cette loi continue d’être utilisée pour faire taire les voix critiques.
Depuis plusieurs années, les autorités du Bangladesh s’en prennent aux blogueurs athées qui expriment librement leurs opinions. Le blogueur Avijit Roy a été tué à coups de machette dans une rue de Dacca, la capitale, et un autre, Washiqur Rahman, a été tué près de son domicile, également à Dacca, un mois après en 2015. À la suite de ces deux meurtres, l’ensemble des blogueurs athées et leurs familles ont commencé à être persécutés, tandis que les espaces où ils pouvaient s’exprimer en ligne se sont refermés. Beaucoup d’entre eux ont fui le pays dans les années qui ont suivi par crainte des représailles.
Passez à l'action !
La date limite pour participer est expirée.
S'il y a de nouvelles informations sur la situation et/ou des nouvelles recommandations d’action, nous les publierons ici.