© KODIKARA/AFP via Getty Images
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URGENT ACTION Bangladesh – Action lettre Des milliers de manifestant·e·s soumis à des arrestations arbitraires

UA 071/24 I Agir jusqu'au 30 novembre 2024 I (UA du: 08.08.2024) I AI-Index: ASA 13/8388/2024
Rony Sheikh fait partie des plus de 10'000 personnes (étudiant·e·s, membres de l’opposition et passant·e·s) qui ont été arrêtés depuis juillet 2024, dans le contexte de la répression intense menée par le gouvernement contre les manifestant·e·s. Ses proches affirment que ni eux ni leurs avocats n’ont pu s’entretenir avec Rony, et ils craignent qu’il ne soit soumis à la torture et à d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants en détention. La réaction brutale du gouvernement a fait plus de 400 morts, dont des journalistes et des passant·e·s. Les autorités bangladaises doivent immédiatement mettre fin aux arrestations de masse, libérer tous les manifestant·e·s détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, et garantir le droit à un procès équitable pour toutes les personnes privées de liberté.

Depuis le 1er juillet 2024, le Bangladesh est le théâtre de manifestations de grande ampleur, après le rétablissement d’un quota controversé de 30% d’emplois de la fonction publique réservés aux descendant·e·s d’anciens combattants de la guerre d’indépendance. De nombreuses personnes, en particulier des étudiant·e·s, considèrent que ce quota, précédemment aboli en 2018 en raison de manifestations similaires, favorise de manière disproportionnée les sympathisant·e·s du parti au pouvoir. Les manifestations, largement pacifiques au départ, sont devenues violentes après que des manifestant·e·s ont été attaqués, semble-t-il par des membres de la Ligue Chhatra du Bangladesh, affiliée au parti au pouvoir, le 15 juillet à l’université de Dacca et dans d’autres institutions. Des tiges de fer, des bâtons, des briques et des armes à feu ont été utilisés dans le cadre de ces attaques, qui ont fait de nombreux blessés et exacerbé les tensions dans tout le pays. Les autorités ont depuis lors arrêté des milliers de mani-festant·e·s.

Le 5 août, l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina a démissionné et fui le pays après 15 ans au pouvoir. Au cours du week-end précédent, plusieurs étudiant·e·s avaient été libérés sous caution, et depuis le départ de Sheikh Hasina, d’autres l’ont également été. Un grand nombre de ces jeunes gens se trouvent cependant toujours en prison.

Rony Sheikh, 18 ans, passait son certificat d’études secondaires supérieures lorsqu’il a été arrêté le 22 juillet. Selon des membres de sa famille, les autorités se sont rendues à la résidence où il louait une chambre, ont fouillé son téléphone portable et l’ont arrêté car il avait des vidéos des manifestations sur cet appareil. Il n’a pas encore pu contacter son avocat ni sa famille.

La situation s’est encore détériorée le 19 juillet, jour où la répression a été la plus meurtrière; 75 décès ont été signalés en une journée. Le gouvernement a riposté en déployant des forces militaires et paramilitaires telles que le Bataillon d’action rapide et les gardes-frontières du Bangladesh, et en imposant un couvre-feu assorti de l’ordre de «tirer à vue», ainsi qu’une coupure d’Internet à l’échelle nationale. Amnesty International a confirmé plusieurs cas de recours illégal à la force, notamment l’homicide d’Abu Sayed, un étudiant de 25 ans qui a été abattu par des policiers à une distance de 15 mètres alors qu’il ne représentait aucune menace. La police métropolitaine de Dacca a encore aggravé la situation en interdisant les rassemblements et processions dans la capitale, ce qui a donné lieu à des tactiques plus agressives de la part des forces de sécurité, notamment l’utilisation illégale de gaz lacrymogène, de balles en caoutchouc, de grenades assourdissantes et de fusils d’assaut.

Au 31 juillet 2024, plus de 200 personnes avaient été tuées (145 selon les statistiques du gouvernement), des milliers blessées et plus de 10'000 arrêtées. La plupart d’entre elles sont inculpées dans le cadre de rapports d’incident collectifs. Selon les médias, ces arrestations de masse ont été effectuées par diverses forces de sécurité qui ont coupé la connexion Internet dans les quartiers dans lesquels elles ont fait des descentes et ont arrêté des étudiants à leur domicile. Trois étudiants qui étaient soignés à l’hôpital ont dû quitter les lieux sous la contrainte et été placés en détention. Le ministre de la Justice a toutefois déclaré que ces étudiants avaient été incarcérés pour leur propre sécurité.

Le droit international indique clairement comment les autorités chargées de l’application des lois sont tenues de réagir lorsque certains manifestant·e·s deviennent violents. Selon l’Observation générale n 37 du Comité des droits de l’homme des Nations unies sur le droit de réunion pacifique, les participant·e·s à un rassemblement ne peuvent être tenus responsables d’actes de violence isolés commis par seulement certaines personnes. Par ailleurs, même lorsqu’une personne a un comportement violent (ce qui la place hors du champ de protection du droit à la liberté de réunion pacifique), ses autres droits doivent continuer à être protégés. Il est primordial que le recours illégal à la violence par les forces de sécurité fasse l’objet d’enquêtes et que les responsables soient amenés à répondre de leurs actes.

Cette crise met en évidence un modèle répressif plus large au Bangladesh, où des lois comme la Loi de 2018 sur la sécurité numérique et la Loi de 2023 sur la cybersécurité, qui lui a fait suite, sont utilisées dans le but d’étouffer l’opposition et la liberté d’expression. L’intervention de la communauté internationale est cruciale pour faire pression sur le gouvernement bangladais afin qu’il respecte ses obligations en matière de droits humains et rétablisse la confiance du public dans l’état de droit.

icon_ALERT.png  Passez à l'action !

Défendez les personnes arbitrairement détenues au Bangladesh et envoyez une lettre d'appel – par courrier ou e-mail, par fax et/ou sur les réseaux sociaux – à la ou aux personnes cibles désignées.

Délai pour prendre action: 30 novembre 2024.
Veuillez écrire en anglais, bengali ou dans votre propre langue.

 

                  

              

Monsieur le procureur,

Je vous écris pour vous faire part de ma profonde inquiétude face à la récente vague de répression contre les manifestant·e·s au Bangladesh. Outre les plus de 400 manifestant·e·s tués et les milliers de blessés, plus de 10'000 autres personnes auraient été arrêtées ou maintenues en détention de manière arbitraire ces dernières semaines. La première revendication exprimée lors de ces manifestations portait sur un recrutement équitable au sein de la fonction publique, par le biais de la suppression du quota de 30% alloué aux descendant·e·s d’anciens combattants.

Parmi les personnes appréhendées figure Rony Sheikh, 18 ans, arrêté le 22 juillet alors qu’il préparait ses examens. Rony Sheikh n’a pas reçu la visite de membres de sa famille, ni de son avocat depuis son arrestation. Le couvre-feu assorti de l’ordre de «tirer à vue» instauré a empêché sa famille de tenter de se présenter à la police afin de vérifier s’il était possible de lui rendre visite. Rony Sheikh a été cité dans une plainte collective et a été inculpé de réunion illégale, d’agression avec intention de tuer et de coups et blessures. Selon sa famille, les avocats éprouvent des difficultés à rendre visite à Rony Sheikh. Si certains des manifestant·e·s qui ont été arrêtés ont été libérés depuis lors, la plupart d’entre eux sont maintenus en détention.

Le droit à la liberté de réunion pacifique est un droit humain, et ces arrestations de masse et détentions arbitraires de manifestant·e·s constituent une violation alarmante de ce droit. J’exhorte donc les autorités bangladaises à:

  • Libérer immédiatement Rony Sheikh et tous les autres manifestant·e·s illégalement détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.
  • Veiller à ce que tous les manifestant·e·s arrêtés pour une infraction reconnaissable bénéficient d’un procès équitable dans les meilleurs délais.
  • Permettre immédiatement que les familles et avocats de personnes arrêtées puissent leur rendre visite, et veiller à ce que le sort de chaque personne en détention soit communiqué d’urgence à ses proches.
  • Mettre fin à la torture en détention et aux autres formes de mauvais traitements.
  • Mener sans délai une enquête approfondie, efficace, indépendante et impartiale sur les décès et les blessures survenus pendant la répression. Les personnes reconnues responsables de l’usage illégal de la force doivent être amenées à rendre des comptes

Veuillez agréer, Monsieur le procureur, l’expression de ma haute considération.
 

Dear Md Asaduzzaman,

I am writing to express deep concern over the recent crackdown on protesters in Bangladesh. In addition to over 400 people being killed and thousands of others injured, more than 10,000 protesters have reportedly been arrested or arbitrarily detained in the last few weeks. The student led protests started with the main demand of fair government job recruitment by removing the 30% quota allocated for descendants of war veterans.

Among those who were arrested is 18-year-old Rony Sheikh who was arrested on 22 July while preparing for his exams. Rony is yet to meet with his family members or lawyer since his arrests. The «shoot on sight» curfew at that time prevented his family from even attempting to go to the police to check whether there was a possibility to visit. Rony has been listed in a group complaint and charged with unlawful assembly, assault with intent to kill, and causing bodily harm. According to his family, the lawyers are finding it difficult to access Rony. While some of the protesters who were arrested have been released since, most of them continue to be detained.

The right to freedom of peaceful assembly is a human right, and these mass arrests and arbitrary detentions of protesters is an alarming violation of this right. I therefore urge the Bangladeshi authorities to:

  • Immediately release Rony Sheikh and all other protesters who have been unlawfully detained solely for exercising their human rights
  • Ensure that all protesters arrested for a recognizable offence receive a prompt and fair trial
  • Immediately grant access to the families and the lawyers of those who have been detained, and ensure that the whereabouts of each person in detention is urgently communicated to their families
  • End custodial torture and other forms of ill-treatment
  • Conduct a prompt, thorough, effective, independent, and impartial investigation into the deaths and injuries during the crackdown. Those found responsible for the unlawful use of force must be held accountable.

Yours sincerely,

Please reply to social media posts, video on protest in Bangladesh with an emoji, a picture, or a drawing of a heart Herz, candleKerze, or a flower Kirschblüte with the hashtag #SaveBangladeshiStudents and #ProtectTheProtest

Report information, social media posts on protest in Bangladesh and/or share them on whatsapp and other networking apps.

 

Md Asaduzzaman
Attorney General of Bangladesh
Office of the Attorney General
Bangladesh Supreme Court area
Shahabagh, Dhaka-1000
Bangladesh

Fax: 0088-02-9561568
E-mail: [email protected]
 

COPIES À

Please copy in:

1.
Inspector General (IGP) Md Mainul Islam
6 Phoenix Rd, Dhaka 1000,
Bangladesh
Email: [email protected]

2. Botschaft:
Ambassade de la République populaire du Bangladesh
Rue de Lausanne 65
1202 Genève
Fax: 022 738 46 16
E-mail: [email protected]

 


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MODÈLES DE LETTRE PRÊTS À IMPRIMER/TÉLÉCHARGER:
•  MODÈLE DE LETTRE FRANÇAIS 071/24 (Word)
•  MODEL LETTER ENGLISH 071/24 (Word)

CETTE ACTION URGENTE COMPLÈTE (DOCUMENT WORD):
(Page 1 informations, page 2 modèle de lettre)
•  UA 071/24 – FRANÇAIS
•  UA 071/24 – ENGLISH


Utilisez un modèle de lettre à disposition ci-bas ou écrivez avec vos propres mots
→ Options d'envoi et personne(s) cible(s) voir : ADRESSES et GUIDE RÉSEAUX SOCIAUX
Frais d'envoi par poste: Europe = CHF 1.90 / tous les autres pays = CHF 2.50


English version (click on title to open):

Arif Sohel, Rony Sheikh and Sabir Rahman are three of the more than 10,000 protesters (students, members of the opposition as well as bystanders) who were arrested in July 2024, as part of the government’s intense crackdown against protesters. Families of the three detained students claim that neither they nor their lawyers have been given access to them, and they fear that they will be subjected to torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment in custody. The government’s harsh response has killed more than 200 people, including journalists and bystanders. The Bangladeshi authorities must immediately end the mass arrests, release all protesters detained solely for exercising their human rights and ensure the right to fair trial for all detainees.

Since 1 July 2024, Bangladesh has been engulfed in widespread protests following the reinstatement of a controversial 30 percent quota in government jobs for the descendants of independence war veterans. This quota, previously abolished in 2018 due to similar protests, is seen by many, especially university students, as disproportionately favouring supporters of the ruling party. The protests, largely peaceful initially, turned violent after demonstrators were attacked, reportedly by members of the Bangladesh Chatra League (BCL) affiliated with the ruling party, on 15 July at Dhaka University and other institutions. These attacks included the use of rods, sticks, bricks, and firearms, leading to numerous injuries and escalating tensions across the country. Authorities have since arrested thousands of protesters.

Arif Sohel is a student at the Jahangirnagar University in Dhaka, who was taken by a group in plain clothes on 27 July. His whereabouts were not known for nearly 36 hours and his family has not yet been allowed to meet him. His friends claim that he was nowhere near the location of the incident police say he was involved in the charge sheet, and the charges against him are false, and that he has been targeted for being an organiser of the protests.

18-year-old Rony was in the middle of his Higher Secondary Certificate (HSC – A/L equivalent) when he was arrested. According to his family members, the authorities came to his residence where he has rented a room, checked his mobile phone and arrested as he had videos of the protests in his mobile. He has not had access to his lawyer or family yet.

Sabir is a fourth-year student at the Jahangirnagar University, studying urban planning. He was arrested during the day time, close to noon, during the protests. There were others with him protesting outside their university. His mother was allowed to see him for 10 minutes once since his arrest on 18 July – and she saw signs of beating on his body.

The situation deteriorated further on 19 July, when the deadliest crackdown happened with 75 deaths reported in one day. The government responded by deploying the military and paramilitary forces such as the Rapid Action Battalion (RAB) and Border Guards Bangladesh (BGB), and imposing a «shoot-on-sight» curfew along with a nationwide internet blackout. Amnesty International has verified multiple instances of unlawful force, including the death of Abu Sayed, a 25-year-old student, who was shot by police officers from a distance of 15 meters while posing no threat. The Dhaka Metropolitan Police (DMP) further escalated the situation by banning all rallies and processions in the capital, leading to more aggressive tactics by security forces, including the unlawful use of tear gas, rubber bullets, and sound grenades and assault rifles.

As of 31 July 2024, more than 200 have been killed (the government statistics say 145), thousands injured and over 10,000 arrested. Most of them are charged in unnamed mass First Incident Reports. According to media reports, the mass arrests have been carried out by various security forces who shut down the internet connection in the neighbourhoods they raided and went to houses to arrest the students. Three students who were being treated in hospital were discharged under coercion and taken into custody, though the Minister of Law made a statement claiming that these students were taken in custody for their own safety.

International law is clear on how law enforcement authorities should respond when certain protesters become violent. According to the UN Human Rights Committee’s General Comment No. 37 on the Right of Peaceful Assembly, participants in an assembly cannot be held responsible for isolated acts of violence by only a few protesters. Furthermore, even where an individual engages in violent conduct (placing them outside the protective scope of the right of peaceful assembly), their other rights must still be protected. It is paramount that the unlawful use of violence by the security forces is investigated and perpetrators are held to account.

This crisis underscores a broader pattern of repression in Bangladesh, where laws like the Digital Security Act 2018 and its successor, the Cyber Security Act 2023, are used to stifle dissent and free speech. The international community's intervention is crucial to pressuring the Bangladeshi government to uphold its human rights obligations and restore public trust in the rule of law.


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