Musicienne, Maryia Kalesnikava est une figure de proue de l’opposition et du mouvement de contestation, et est devenue en 2020 le symbole du mouvement de protestation pacifique en faveur du changement politique et des droits humains au Bélarus, après que plusieurs opposant·e·s politiques ont été arrêtés ou disqualifiés de manière arbitraire en tant que candidats à l’élection présidentielle le 9 août 2020. Avec Svetlana Tsikanovskaïa et Veranika Tsapkala, Maryia Kalesnikava a formé une troïka féminine qui a mené une campagne électorale contre le président sortant Alexandre Loukachenko, et qui a galvanisé un vote massif de protestation contre lui.
Veranika Tsapkala a quitté le Bélarus le 9 août 2020 par crainte de représailles. À la suite de l’exil forcé de Svetlana Tsikanovskaïa le 10 août, Maryia Kalesnikava est devenue la première figure de l’opposition au Bélarus. Elle est apparue en première ligne de nombreuses manifestations pacifiques, s’est retrouvée confrontée à maintes reprises à des policiers violents, a donné de nombreuses interviews dans les médias et a continué de soutenir des personnes arrêtées arbitrairement et torturées en détention.
Maryia Kalesnikava a été victime d’une disparition forcée le 7 septembre 2020. On a su par la suite qu’elle avait été enlevée par des agents des forces de l’ordre et conduite à la frontière ukrainienne, où elle a refusé de quitter le Bélarus et a déchiré son passeport en guise de protestation. Elle a alors été placée en détention en tant que suspecte, avec son proche allié Maksim Znak, et plus tard condamnée à huis clos pour crimes contre l'État.
Ses conditions de détention, notamment lorsqu’elle est détenue au secret, à l’isolement prolongé et privée de soins médicaux, constituent une mesure de représailles en raison de son rôle majeur dans les manifestations pacifiques contre le pouvoir en place. Selon les normes internationales relatives aux droits humains, la détention au secret, lorsqu’un individu est détenu sans pouvoir communiquer avec le monde extérieur, devrait être tout bonnement prohibée. Elle favorise la disparition forcée, ainsi que les actes de torture et les mauvais traitements. Dans certaines circonstances, elle constitue une forme de torture et de traitement cruel, inhumain ou dégradant. Par ailleurs, au titre du droit international relatif aux droits humains, la détention prolongée à l’isolement, c’est-à-dire le maintien en détention sans contact humain réel pendant au moins 22 heures par jour durant une période dépassant 15 jours consécutifs, s’apparente à de la torture.
La dernière fois que la famille de Maria Kolesnikova a eu de ses nouvelles remonte à février 2023. Depuis, elle n’a pas eu droit aux appels, aux visites, ni même aux lettres. Les autorités s’en prennent aussi aux avocats qui acceptent de défendre les personnes en détention : elles ont rayé arbitrairement du barreau trois avocat·e·s à titre de représailles parce qu’ils avaient défendu Maryia Kalesnikava. Il s’agit d’Aliaksandr Pylchenka, Liudmila Kazak et Uladzimir Pylchenka. Maryia Kalesnikava ne bénéficie actuellement de l’assistance d’aucun avocat.
D’après les dernières bribes d’information provenant de sources confidentielles, Maryia Kalesnikava souffre de malnutrition du fait de la nourriture servie dans la prison, qui ne correspond pas à ses problèmes de santé, et elle a perdu beaucoup de poids, ne pesant plus que 45 kilos. Le règlement carcéral l’autorise à acheter de la nourriture au magasin de la prison mais uniquement tous les 10 jours, pour un montant maximal de 40 ou 80 roubles (10 ou 20 euros environ). Elle n’a pas accès à un réfrigérateur.
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