En des jours meilleurs, Germain Rukuki aimait plus que tout jouer avec ses fils, aujourd’hui âgés de six et sept ans. Il adorait aussi la musique, en particulier Redemption Song de Bob Marley, un choix qui allait prendre tout son sens par la suite.
Un matin de juillet 2017, Germain et sa femme, Emelyne Mupfasoni, ont été réveillé·e·s à l’aube par de lourds bruits de pas et des coups contre la porte. Des dizaines de membres des forces de la sécurité avaient pénétré dans leur propriété. Emelyne devait accoucher quelques semaines plus tard de leur troisième enfant.
Le couple, qui travaille pour des ONG, a été interrogé par des agent·e·s à leur domicile. Ces dernier·ère·s ont arrêté Germain puis l’ont transféré à la prison de Ngozi, dans le nord du Burundi, où il est toujours détenu à ce jour.
Le 26 avril 2018, Germain a été déclaré coupable de nombreuses accusations forgées de toutes pièces, notamment de « rébellion » et d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Sa collaboration passée avec l’ONG Action des chrétien·ne·s pour l’abolition de la torture (ACAT-Burundi) lui a été reprochée. L’ACAT-Burundi a été fermée en 2016, accusée de « ternir l’image du pays ». Mais l’un des éléments de « preuve » à charge produit pendant le procès était un courriel que Germain avait envoyé à l’association lorsqu’elle était encore autorisée.
Germain a été condamné à 32 ans de prison. Il n’a jamais pu rencontrer son fils de trois ans. « Pendant combien de temps mon mari doit-il supporter cette injustice ? » demande Emelyne.