En décembre de chaque année, des personnes du monde entier envoient des millions de lettres, d'e-mails, de posts sur les réseaux sociaux et de cartes postales à des personnes dont les droits sont menacés. Le Marathon des lettres est ainsi devenu la plus grande campagne de défense des droits humains au monde. Depuis son lancement en 2001, le Marathon des lettres a changé la vie de plus de 100 personnes en contribuant à les libérer de la torture, du harcèlement ou de la détention illégale. Soutenez en un clic cinq personnes qui s'engagent pour la liberté, la justice et les droits humains.
Focus sur des défenseur·e·s des droits humains de toutes les régions du monde
Cette année, Amnesty Suisse s'engage pour cinq défenseurs des droits humains d'Égypte, d'Angola, d'Argentine, de Biélorussie et de Corée du Sud. Pour les soutenir en ligne, suivez le lien correspondant et remplissez le formulaire en votre nom. Nous nous chargeons de récolter votre signature et de l'ajouter à celles des autres personnes qui ont choisi d'exprimer leur solidarité.
Vous préférez le papier et le crayon ? Téléchargez ici les modèles de lettres que vous n'aurez plus qu'à signer et à envoyer (pdf).
Joel Paredes, Argentine
Il a perdu la vue après avoir été atteint par un tir de balle en caoutchouc
Le soir du 30 juin 2023, Joel Paredes rejoint une manifestation sur la place centrale de la ville de Humahuaca, dans la province de Jujuy, pour protester contre des réformes de la constitution locale. Celles-ci entendaient autoriser les autorités argentines à augmenter les exportations de lithium, pour lesquelles il existe une forte demande à l’échelle mondiale puisque ce métal est nécessaire à la fabrication de batteries. Les réformes en question ont été imposées sans que la population locale ne soit consultée. Elles limitent le droit de réunion pacifique et violent les droits fonciers des peuples indigènes.
Joel Paredes est descendu dans la rue pour défendre l'environnement. Il jouait avec son groupe devant des centaines de manifestant·e·x·s pacifiques lorsque la police a ouvert le feu sur la foule avec des balles en caoutchouc. Un projectile l’a touché à l'œil droit. Les médecins ne pouvant pas sauver son œil, Joel est définitivement aveugle de l’œil droit et souffre de douleurs nerveuses paralysantes.
Personne n'a encore été tenu responsable de la blessure de Joel Paredes ni des agressions contre les manifestant·e·x·s.
Kyung Seok Park, Corée du Sud
Poursuivi pour avoir défendu les droits des personnes handicapées
Lorsqu’il était étudiant, Kyung Seok Park aimait jouer de la guitare et s'amuser avec ses ami·e·x·s. Il ne s'était jamais préoccupé de la vie des personnes en situation de handicap jusqu'à ce jour d’août 1983, où un grave accident de parapente le laissera paraplégique, à l’âge de 22 ans. Soudainement forcé de vivre avec un handicap, il se rend alors compte à quel point sa vie quotidienne est désormais difficile, voire dangereuse. C'est ainsi que sa vie d'activiste a commencé.
En tant que représentant de Solidarity Against Disability Discrimination (SADD), un mouvement pour les droits des personnes handicapées en Corée du Sud, Kyung Seok Park concentre ses revendications sur l’accès aux transports en commun. Trop d'obstacles et de barrières empêchent les personnes en situation de handicap d'accéder aux métros, trains et bus, rendant ainsi leur participation à la vie publique plus difficile. A Séoul, de nombreuses personnes en fauteuil roulant ont été blessées –certaines mêmes sont mortes– en utilisant des ascenseurs pour fauteuils roulants peu sûrs dans les gares et les stations de métro.
En 2021, Kyung Seok Park et d'autres activistes ont réclamé plus de fonds publics pour les droits des personnes en situation de handicap lors d'une action de protestation pacifique. De nombreuses personnes en fauteuil roulant sont montées et descendues du métro en même temps pendant les heures de pointe. Mais leur action a été réprimée et les militant·e·x·s ont été violemment traîné·e·x·s hors des stations par la police. Les politicien·ne·x·s ont par la suite mené des campagnes de diffamation, présentant les activistes comme une nuisance publique. La municipalité de Séoul a déposé plusieurs plaintes contre les manifestant·e·x·s pacifiques en raison de leurs blocages.
Kyung Seok Park avait failli être étranglé par la police et les employé·e·x·s du métro de Séoul lors d'une manifestation pacifique. Il a également été poursuivi plusieurs fois en justice pour son activisme. Mais il continue à se battre: «Nous refusons d'attendre plus longtemps. Nous exigeons un monde où personne n'est laissé pour compte.»
Maryia Kalesnikava, Biélorussie
Enfermée à l’isolement parce qu'elle a demandé des changements politiques
La musicienne professionnelle Maryia Kalesnikava rêvait d'une Biélorussie où tout le monde serait respecté et pourrait exprimer librement ses opinions. Elle a rejoint la campagne de la candidate indépendante Sviatlana Tsikhanouskaya lors des élections présidentielles de 2020. Mais au lendemain de la réélection d'Alexandre Loukatchenko, les autorités ont tenté de forcer Maryia Kalesnikava à l'exil. Parce qu’elle s’est opposée à cette décision, elle a été arrêtée et condamnée à onze ans de prison.
Lorsque des manifestations ont éclaté dans tout le pays après l'élection présumée frauduleuse d'Alexandre Loukatchenko, la candidate Sviatlana Tsikhanouskaya et ses deux soutiens principaux Maryia Kalesnikava et Veranika Tsapkala sont également descendues dans les rues, au grand dam des autorités. Ces dernières ont forcé les camarades de Maryia à s'exiler. Mais leur tentative de la contraindre elle aussi à l’exil a échoué. En septembre 2020, elle a donc été condamnée à onze ans de prison, notamment pour atteinte à la sécurité nationale» et «extrémisme».
Maryia Kalesnikava est une prisonnière politique non violente. Elle est détenue à l'isolement dans des conditions inhumaines et n'a qu'un accès limité aux soins médicaux dont elle a besoin de toute urgence. Elle est privée de tout contact avec sa famille, qui n'a plus de nouvelles d'elle depuis plus d'un an.
Oqba Hashad, Égypte
Emprisonné et torturé à cause du travail de son frère en faveur des droits humains
Oqba Hashad, un étudiant égyptien, a été arrêté en mai 2019 lors d'une descente de police dans une résidence universitaire de la ville de Sadat. Depuis, il est en détention provisoire. Pour quelle raison? Parce que son frère, Amr, milite pour promouvoir les droits humains en Egypte.
Oqba Hashad se trouvait dans la résidence de l'université de Sadat City, où il étudiait l'économie. Soudain, des membres de l'Agence de sécurité nationale (NSA) ont fait irruption dans la résidence arrêtant touxtes les étudiant·e·x·s présent·e·x·s. La plupart d’entre elleux a été libérée après quelques jours, mais Oqba Hashad est resté en prison. Les autorités avaient en effet découvert que son frère, Amr Hashad, critiquait les violations des droits humains en Égypte depuis le lieu où il avait dû s’exiler en 2019.
Pendant 77 jours, la famille d'Oqba ne savait pas où il se trouvait. Au cours de cette période, Oqba a subi des actes de torture –notamment des chocs électriques sur ses parties génitales et sur le moignon de sa jambe, qui avait dû être amputée à la suite d'un accident dans son enfance. Les autorités pénitentiaires lui ont refusé un lit, des soins médicaux appropriés, ainsi que le remplacement de la prothèse de sa jambe, cassée en détention. Pendant plus d'un an, il a dû compter sur ses codétenus pour l’aider dans ses déplacements quotidiens avant de recevoir enfin une nouvelle prothèse. Mais celle-ci est mal adaptée et provoque de nouvelles blessures. L'état de santé d'Oqba ne cesse de se détériorer.
Selon la loi égyptienne, la détention préventive ne peut pas durer plus de deux ans. Un juge avait ordonné sa libération en février 2024, mais le parquet a ouvert un autre procès fictif contre lui pour justifier le maintien de son emprisonnement.
Engagez-vous pour la libération d'Oqba Hashad! Signez la pétition maintenant!
Neth Nahara, Angola
Neth Nahara est désormais libre! Elle a passé plus d'un an en prison pour avoir critiqué le Président sur TikTok.
Ana da Silva Miguel est chanteuse et mère de deux jeunes enfants. Elle ne comprenait pas comment l'Angola, pourtant un pays avec un fort potentiel, pouvait permettre à tant de personnes de vivre dans la pauvreté. Agacée par le manque d'écoles, d'emplois et d'opportunités, elle a lancé une chaîne TikTok et est devenue «Neth Nahara».
Sur TikTok, elle a rapidement gagné des milliers de followers grâce à son humour et ses prises de position courageuses. Elle a encouragé les femmes à s'instruire et à devenir indépendantes. Elle a également parlé ouvertement de sa séropositivité, partageant des conseils de santé et encourageant d'autres personnes séropositives.
En août 2023, Neth Nahara a critiqué le président João Lourenço sur sa chaîne TikTok. Dès le lendemain, les autorités l’ont arrêtée à son domicile dans la capitale Luanda. Un tribunal l'a condamnée à deux ans de prison. Ce n'est qu'après des demandes répétées de ses avocats qu'elle a reçu les médicaments nécessaires pour traiter son infection par le VIH. Ceux-ci lui avaient été refusés pendant des mois.
Pendant la pandémie de Covid, une grande partie de la population angolaise est descendue dans la rue pour exprimer son mécontentement envers le Président. Une loi controversée avait alors été votée, qui punit les «insultes» envers le président. Depuis, les autorités angolaises utilisent cette loi pour faire taire les voix critiques. C’est à ce titre que Neth est aujourd'hui en prison.