Abdul Karim Ali a été interrogé à plusieurs reprises au sujet d’une vidéo qu’il a enregistrée le 9 juillet 2022, dans laquelle il accusait un responsable militaire camerounais d’avoir torturé des civil·e·x·s. Deux de ses amis sont également détenus en raison de leurs liens avec lui.
La détention d’Abdul Karim Ali semble être motivée uniquement par sa vidéo du 9 juillet et par son militantisme en faveur de la paix, en violation de son droit à la liberté d’expression. Abdul Karim Ali, Rabio Enuah et Yenkong Sulemanu ont comparu à trois reprises devant le tribunal militaire de Yaoundé. Lors de la troisième audience, ils ont été officiellement placés en détention provisoire par un juge d’instruction, pour «hostilité à l’égard de la patrie», «non-signalement», «sécession» et «rébellion». Les autorités camerounaises doivent abandonner les charges retenues contre ces trois hommes si elles ne sont pas en mesure de fournir rapidement des éléments fiables laissant soupçonner une infraction reconnue par le droit international.
La famille proche d’Abdul Karim Ali a été contrainte d’entrer dans la clandestinité après avoir reçu des menaces. Amnesty International a appris que son épouse avait reçu des menaces lors d’appels téléphoniques anonymes. Elle a depuis lors fui leur domicile. Au cours de ces appels, elle a été sommée de ne pas alerter des personnes en dehors du Cameroun sur la situation de son mari, et il lui a été demandé d’apporter les passeports de la famille aux militaires qui le détenaient.
Ce n’est pas la première fois qu’Abdul Karim Ali est placé en détention, vraisemblablement en raison de son militantisme. Il avait déjà été arrêté en 2019. Il avait été libéré quelques semaines plus tard sans avoir été inculpé.
Depuis 2016, les autorités du Cameroun ont emprisonné des centaines de personnes qui n’ont fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Parmi elles, cinq journalistes sont actuellement détenus, de même que 62 personnes ayant participé à des manifestations organisées par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), un parti politique d’opposition. Des centaines d’arrestations ont également eu lieu lors de manifestations pacifiques contre la discrimination ressentie à l’égard des régions anglophones du pays. Beaucoup de personnes détenues ont été déclarées coupables par des tribunaux militaires sur la base d’accusations érigeant en infraction le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique, en violation des normes internationales relatives aux droits humains.
La détention de personnes qui ont simplement exercé leurs droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique est arbitraire et contraire à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, deux textes pourtant ratifiés par le Cameroun.
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