Lettre de Dorgelesse Nguessan:
Aux supporteurs d’Amnesty International,
Quand je pense à la campagne d’Amnesty International, les mots me manquent. Amnesty nous a fait beaucoup de bien à ma famille et moi et nous a apporté une joie tellement immense ! Je voudrais seulement dire merci et prier Dieu de continuer de veiller sur Amnesty et ses membres. Ne vous découragez pas. Parce que ça nous a fait beaucoup de bien… Je ne peux pas vous dire à quel point ! Les mots me manquent – je vous dis juste merci, merci, merci, merci, merci.
Vous nous avez tendu la main au moment où nous en avions le plus besoin. Mon fils malade, ma maman malade… Mon incarcération avait eu un tel impact sur ma mère, ça l’a fragilisée. Cette campagne d’Amnesty lui a redonné de la force. Ça nous a tous encouragés. Donc je ne sais pas comment remercier Amnesty.
Une lettre aux juges pour demander à ce que l’audience d’appel ne soit plus reportée; une lettre au ministère de la Justice; des messages Twitter au Président de la République… Il faut continuer !
Le 18 janvier 2024, le tribunal a rejeté notre demande d’appel de la décision habeas corpus. Ils ont dit qu’on s’y était pris trop tard pour faire appel et payer les frais de la procédure. Cependant, ce 15 février, l’appel de la peine qu’on m’a donnée en 2020 a enfin été déclaré recevable et la procédure renvoyée au 21 mars pour les débats. Donc nous avons de l’espoir !
On ne peut qu’espérer. Je suis fatiguée de cet endroit, fatiguée de voir les autres sortir… Il y a des jours où je me lève et je pleure. Quand je sais qu’on suit mon cas, je peux rester forte, je me sens forte. Mais quand je me laisse aller, c’est une douleur immense. C’est dur. La vie en prison est trop dure. Celui qui n’a pas connu la prison ne peut pas comprendre. C’est comme une torture.
Si vous pouvez encore agir pour moi, j’en serai très reconnaissante. Que Dieu continue à vous bénir et à veiller sur Amnesty.
Dorgelesse
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Dorgelesse Nguessan a 38 ans. Cette mère célibataire et coiffeuse n’avait jamais été active dans le domaine politique avant 2020, mais ses préoccupations quant à la situation économique du Cameroun l’ont incitée à participer à un rassemblement organisé par le principal parti d’opposition, le MRC, le 22 septembre 2020 dans la ville de Douala. C’était sa toute première manifestation.
Ce rassemblement a été maintenu, malgré son interdiction par les autorités. Les forces de sécurité ont eu recours à des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des canons à eau afin de disperser la foule de manifestant·e·x·s. Elles ont arrêté plus de 500 personnes, parmi lesquelles Dorgelesse, qui a été conduite au commissariat de Bonanjo. Elle a été détenue dans une cellule avec 22 autres personnes avant d’être transférée une semaine plus tard à la prison centrale de Douala.
Inculpée par la suite d’insurrection, de «réunions, de manifestations publiques et d’attroupement», elle a été jugée par un tribunal militaire. Elle a été reconnue coupable des charges retenues contre elle et condamnée le 7 décembre 2021 à cinq ans d’emprisonnement. Son avocat a fait appel de ce jugement. Les audiences en appel devaient commencer à la mi-mars 2023 mais la procédure a été ajournée à plusieurs reprises. Lontchi, le fils de Dorgelesse, et Micheline, sa mère, lui manquent terriblement.
Le 22 septembre 2023 marque le troisième anniversaire de l’arrestation de Dorgelesse. Sa mère et son fils, tous deux atteint·e·s de maladies chroniques, survivent difficilement sans les revenus assurés par le travail de coiffeuse de Dorgelesse.
Nous voulons montrer à Dorgelesse, ainsi qu’aux autres personnes encore détenues qui ont participé à ces manifestations, que nous ne les avons pas oubliées et que nous continuerons à exiger leur libération immédiate et sans condition.
Passez-à l'action : Défendez les droits de Dorgelesse Nguessan !
_Cette action est terminée.