Au moins 21 partisans de Laurent Gbagbo, parmi lesquels l’ancien Premier ministre et l'ancien ministre des Affaires étrangères, sont détenus à l’hôtel Pergola à Abidjan, la capitale économique.
Plusieurs autres -dont Laurent Gbagbo, son épouse, Simone Gbagbo, et Pascal Affi N’guessan, le président du parti de l’ancien président, le Front populaire ivoirien- sont incarcérés dans le nord du pays.
«On ne peut pas dire que ce soit un début très prometteur pour la présidence d’Alassane Ouattara», a déclaré Véronique Aubert, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.
«Le maintien de personnes en détention sans inculpation est une violation directe des normes internationales en matière de droits humains. Les autorités ivoiriennes doivent inculper dans les meilleurs délais l’ensemble des détenus d’une infraction prévue par la loi ou bien les libérer immédiatement.»
Violences en détention
Amnesty International est préoccupée à l'idée que plusieurs personnes incarcérées à l'hôtel Pergola et peut-être dans d'autres endroits soient privées de liberté simplement en raison de leurs opinions politiques, réelles ou perçues, auquel cas elle les considèrerait comme des prisonniers d'opinion.
L’organisation s’inquiète particulièrement du sort réservé à 23 policiers et militaires, détenus dans la ville Korhogo (nord du pays) dans des conditions susceptibles de mettre leur vie en danger.
Une délégation d’Amnesty International a récemment rendu visite aux détenus à l'hôtel Pergola, mais n'a pas été autorisée à se rendre auprès des personnes incarcérées dans les villes de Korhogo, Bouna and Odienné, dans le nord du pays, parmi lesquelles figurent Laurent Gbagbo et son épouse.
Plusieurs des personnes retenues à l’hôtel ont été frappées par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, loyales au président Alassane Ouattara, au moment de leur arrestation, et les coups reçus par au moins une d’entre elles ont été suffisamment violents pour lui faire perdre connaissance. Des soldats français et de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) étaient présents lors de l’arrestation de ces personnes et de leur transfert dans l’hôtel mais ne sont pas intervenus pour empêcher ces mauvais traitements.
«L’ensemble des détenus – en particulier ceux se trouvant à Korhogo – doivent bénéficier de l'attention médicale et des soins dont ils ont besoin», a poursuivi Véronique Aubert.
Présence de l’ONUCI autour de l’hôtel Pergola
Plusieurs des personnes maintenues en détention à l’hôtel Pergola s’y sont rendues de leur propre chef, pensant qu’elles seraient mises à l’abri des violences et des actions de représailles dont Abidjan est devenue le théâtre au cours des jours ayant suivi l'arrestation de Laurent Gbagbo. Les membres de ce groupe n’ont pas été informés du fait qu’ils seraient placés en détention.
Si les forces ivoiriennes sont chargées des opérations de sécurité dans l’enceinte de l’hôtel Pergola, des soldats de l’ONUCI sont également postés aux alentours de l'hôtel afin d’assurer la sécurité le long du périmètre externe du bâtiment. Cela signifie qu’ils exercent un certain contrôle sur l'identité des personnes autorisées à pénétrer dans l’hôtel.
«La présence de soldats de l’ONU dans l’hôtel où les partisans présumés de Laurent Gbagbo font l'objet d'une détention arbitraire soulève des questions dérangeantes», a ajouté Véronique Aubert.
«Les responsables de l’ONUCI doivent veiller à ce que les soldats et policiers des Nations unies soient uniquement impliqués dans des détentions conformes aux normes internationales en matière de droits humains. Le personnel de l’ONU ne doit pas aider à assurer la sécurité dans des endroits où des personnes sont soumises à une détention arbitraire.»