Le ministre gambien de l’Intérieur a confirmé ces mises à mort lundi 27 août. Elles ont fait suite à un discours à la nation prononcé le 19 puis le 20 août par le président Yahya Jammeh, dans lequel il annonçait que « toutes les condamnations à mort ser[aient] exécutées à la lettre » d’ici la mi-septembre.
Des jugements partiaux et des procédés inadmissibles
Dans sa déclaration, le ministre de l’Intérieur a réaffirmé l’intention du gouvernement de poursuivre les exécutions. Les prisonniers qui se trouvent dans l’antichambre de la mort en Gambie, c’est-à-dire au moins 38 personnes, risquent d’être exécutés à tout moment. Beaucoup ont été condamnés à la sentence capitale à l’issue d’un procès inique ou motivé par des considérations politiques.
Il est fréquent que les garanties d’une procédure régulière ne soient pas respectées : nombre de condamnés à mort n’ont pas pu consulter d’avocat ni bénéficier d’une véritable procédure d’appel.
Les prisonniers ont été exécutés dimanche 26 août, sans qu’eux-mêmes, leurs familles ni leurs avocats n’en soient dûment informés. Le gouvernement s’est résolu à confirmer leur exécution après avoir fait l’objet de fortes pressions internationales. Les craintes concernant les autres condamnés à mort sont avivées par le fait que les familles n’ont pas pu leur rendre visite en prison ni communiquer avec eux depuis deux semaines.
Tollé général
Ces exécutions et les déclarations du président Yahya Jammeh concernant la mise à mort de tous les condamnés d’ici septembre ont suscité un tollé au niveau international. Les organisations soussignées saluent les déclarations de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE), du Commonwealth et des Nations unies, ainsi que celles des gouvernements du Bénin, du Nigeria et du Sénégal, entre autres.
Des exécutions à contre-courant
La Gambie bafoue les normes internationales relatives à l’application de la peine de mort. En outre, elle s’inscrit à contre-courant du mouvement qui se développe, tant en Afrique de l’Ouest que sur tous les continents, en faveur de l’abolition de ce châtiment. Depuis 2000, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo en Afrique de l’Ouest, ainsi que le Burundi, le Gabon et le Rwanda, ont aboli la peine capitale pour tous les crimes. Au cours des derniers mois, le gouvernement du Ghana a entériné les recommandations d’une Commission de révision de la Constitution, qui a préconisé l’abandon de ce châtiment dans la nouvelle Constitution, tandis que le Bénin est devenu le 75 e État dans le monde, et le 10e pays d’Afrique, à ratifier le Deuxième protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), visant à abolir la peine de mort.
Moratoire exigé sur la peine de mort
Les organisations signataires appellent le gouvernement gambien à ne plus procéder à aucune exécution et à s’engager, immédiatement et publiquement, à instaurer un moratoire officiel sur le recours à la peine de mort en Gambie, en vue de son abolition. Enfin, le gouvernement gambien doit remettre aux familles qui le demandent les dépouilles des prisonniers exécutés le 26 août.
Consultez la déclaration sous format PDF avec la liste des organisations signataires.