Gambie Après 27 ans sans peine de mort, le président annonce des exécutions

23 août 2012
Le président de la Gambie, Yahya Jammeh, a annoncé que des condamnés à mort seraient exécutés en septembre 2012. Ces exécutions marqueraient la fin de 27 années sans mise à mort.

Yahya Jammeh a émis ces commentaires lors d’une télédiffusion, dimanche 19 août 2012 au soir, et les a répétés lundi 20 août 2012, à l’occasion de la fin du ramadan.

En Gambie, la dernière exécution a eu lieu en 1985. Amnesty International considère que la Gambie fait partie des pays abolitionnistes dans la pratique.

«Les propos du président Yahya Jammeh sont un choc pour tous, notamment pour les condamnés à mort et leurs familles», a déclaré Audrey Gaughran, directrice du programme Afrique chez Amnesty International. «Si ces commentaires reflétaient une quelconque réalité, ils constitueraient un terrible retour en arrière pour la situation des droits humains en Gambie.»

«Les propos du président Yahya Jammeh sont un choc pour tous, notamment pour les condamnés à mort et leurs familles.»

«La déclaration du président est en pleine contradiction avec la tendance à l’abolition de la peine de mort observée en Afrique de l’Ouest et mondialement.»

Une menace réelle

Ce n’est pas la première fois que le président Jammeh émet de tels commentaires. En septembre 2009, il avait annoncé que les exécutions allaient reprendre afin de lutter contre la montée de la criminalité. En octobre de la même année, le directeur du ministère public aurait indiqué que tous les condamnés à mort seraient exécutés par pendaison dès que possible.

Aucune exécution n’a eu lieu à la suite de ces déclarations, mais la menace reste réelle.

La peine de mort comme réponse à l'opposition politique

Selon le gouvernement gambien, 42 hommes et deux femmes étaient condamnés à mort au 31 décembre 2011, dont 13 avaient été condamnés en 2011. En Gambie, la peine capitale peut être imposée pour meurtre ou trahison.

«Les procès iniques sont fréquents dans ce pays. Les peines de mort sont une réponse à l’opposition politique et les normes internationales concernant les procès équitables ne sont pas  respectées», a ajouté Audrey Gaughran.

«Le nombre de procès inéquitables est effrayant, et particulièrement préoccupant dans les cas où la peine de mort est prononcée.»