Uhuru Kenyatta, le président kenyan, et William Ruto, le vice-président, sont accusés de crimes contre l’humanité présumés en décembre 2007. Les violences auraient fait plus de 1 000 morts et conduit au déplacement d’un demi-million de personnes. Les crimes exposés dans la décision de la Chambre préliminaire de la CPI incluent le meurtre, le transfert forcé de population, le viol, la persécution et d’autres actes inhumains.
«Ceci est une nouvelle tentative inquiétante d'échapper à la justice de la part des autorités kenyanes. Cette initiative n’a aucun fondement juridique et ne débouchera pas sur l’ajournement de l’affaire confiée à la Chambre de première instance de la CPI. L’offensive diplomatique kenyane n’est rien d’autre qu’une attaque contre le travail effectué par la Cour pénale internationale.»
Le Kenya a précédemment demandé à la Chambre préliminaire de la CPI un report tandis que celle-ci menait l’enquête. Cette requête a été rejetée en mai 2011. Le Kenya a alors déposé un recours, rejeté en août 2011. Dans les deux cas, les juges de la CPI ont estimé que les autorités kenyanes n’avaient pas démontré qu’elles étaient aptes et disposées à ouvrir de véritables poursuites pour les crimes commis. «Il est dommage que la principale préoccupation du gouvernement kenyan soit la protection de ses dirigeants contre la CPI. Le gouvernement kenyan n’a évoqué à aucun moment les besoins des victimes, ni leurs appels en faveur de la justice, de réparations et de garanties de non-répétition» a souligné Netsanet Belay.
Amnesty International demande à tous les membres de l’UA de s’opposer à cette décision. Les 34 membres de l’UA qui ont ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale doivent clairement prendre position afin de protéger ce mécanisme de justice internationale en faveur duquel ils se sont engagés. Ces dernières années, l’UA est devenue une tribune depuis laquelle certains dirigeants africains attaquent la CPI et s’efforcent de protéger ceux qui ont été inculpés par la Cour. En particulier, l’UA a à maintes reprises demandé aux États africains de ne pas collaborer à l’arrestation ni à la remise à la CPI du président soudanais, Omar el Béchir.