Depuis novembre 2014, au moins 14 personnes atteintes d'albinisme ont été assassinées, leurs membres sont utilisés dans des pratiques rituelles.© LAWILINK/Amnesty International
Depuis novembre 2014, au moins 14 personnes atteintes d'albinisme ont été assassinées, leurs membres sont utilisés dans des pratiques rituelles. © LAWILINK/Amnesty International

Malawi Mettre un terme aux homicides rituels de personnes albinos

6 mai 2016
Les autorités du Malawi doivent agir immédiatement afin de faire cesser les homicides rituels de personnes albinos, après la découverte de deux nouveaux corps mutilés début mai 2016.

Jeudi 5 mai 2016, des informations ont émergé au sujet du meurtre de Jenifer Namusyo, une femme de 30 ans atteinte d’albinisme retrouvée morte le 30 avril 2016, quelques heures après avoir été poignardée dans le dos, à l’abdomen et au coude. On lui avait retiré les seins et les yeux.

Membres sectionnés

Le corps de David Fletcher, un adolescent disparu au Malawi le 24 avril 2016, a été découvert au Mozambique plus tôt cette semaine avec les bras et les jambes sectionnés. «Ces meurtres rappellent à quel point les personnes atteintes d’albinisme sont en danger au Malawi», a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe pour l'Afrique australe à Amnesty International.

«Les autorités doivent agir sans délai pour mettre fin à cette folie meurtrière et prendre des mesures immédiates pour protéger ces personnes vulnérables.» Au Malawi, des milliers de personnes albinos vivent dans la crainte d’être enlevées ou tuées, des parties du corps des victimes étant vendues dans le cadre d’un trafic lié à des rituels.

14 assassinats de personnes albinos depuis décembre 2014

Jenifer Namusyo a été attaquée alors qu’elle se rendait à bicyclette dans un autre village pour y chercher des remèdes traditionnels. Elle est partie de chez elle à 2 heures du matin, et son corps mutilé et son vélo ont été retrouvés le même jour à 10 heures. À la connaissance d’Amnesty International, au moins 14 personnes albinos ont été assassinées au Malawi et cinq autres enlevées depuis décembre 2014. On ignore toujours où se trouvent ces dernières.

«Les autorités du Malawi doivent veiller à ce que les auteurs présumés de ces terribles crimes soient traduits en justice, et à combattre les causes de ces homicides, qui condamnent les personnes albinos à vivre dans une peur constante», a déclaré Muleya Mwananyanda.

Complément d'informations

Lors d’une série d’entretiens avec des dirigeants de haut niveau, y compris le président Arthur Peter Mutharika, le 7 juin 2016, des délégués de l’organisation ont obtenu l’assurance que les autorités allaient non seulement s’occuper des homicides de personnes albinos, qui se multiplient, mais aussi s’attaquer aux causes profondes de la discrimination.

«Il faut que les plus hautes autorités du Malawi reconnaissent que les personnes albinos sont victimes de discrimination au quotidien et vivent constamment dans la crainte des agressions. Ceci serait déjà un premier pas, a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique australe à Amnesty International.

«La police malawienne, qui a besoin de moyens supplémentaires, doit mener des enquêtes approfondies et efficaces pour mettre fin aux enlèvements et aux homicides. Une présence policière visible dans les zones rurales, associée à des campagnes d’information à l’intention du grand public, peut véritablement contribuer à résoudre le problème.»