Au moins trois membres du gouvernement, y compris l'actuelle Première ministre, Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, le ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, et le ministre de l'Administration territoriale, Kafougouna Koné, ont été arrêtés ce jeudi 22 mars 2012.
Ils seraient détenus dans le camp militaire de Kati, à 20 km de la capitale, Bamako.
Le président du Conseil économique et social et le président du Haut Conseil des collectivités territoriales, ainsi que l'ancien Premier ministre, Modibo Sidibé ont également été arrêtés et seraient détenus au camp de la police nationale.
«Avec la suspension de toutes les institutions juridiques et le couvre-feu qui a été imposé, toutes les garanties fondamentales pour le respect des droits humains ont été levées», a déclaré Gaëtan Mootoo, chercheur d'Amnesty International sur l'Afrique de l'Ouest, alors que le pays est plongé dans une période de danger et d’incertitude.
Bamako à feu et à sang
Trois personnes ont été tuées par des balles perdues, tirées par des soldats, dans le centre de Bamako, et leurs corps ont été emmenés à l'hôpital Gabriel Touré où 28 autres personnes, blessées lors du coup d'État, reçoivent des soins.
Tout au long de la journée, des commerces ont été pillés et des véhicules saisis par des soldats.
Ce coup d'État intervient dans un contexte où le pays est confronté, depuis deux mois, à une rébellion lancée par des groupes armés touaregs dans le nord du pays.
Depuis l’éclatement de ce conflit, quelque 200 000 personnes ont fui leurs foyers, y compris quelque 100 000 qui sont allées se réfugier dans des pays voisins (Niger, Algérie, Mauritanie, Burkina Faso).
«Nous appelons les soldats à l’origine de ce coup d'État à libérer immédiatement les dirigeants politiques, à prévenir toute violation des droits humains et à rétablir l'état de droit», a déclaré Gaëtan Mootoo.
Complément d’information
Le soir du mercredi 21 mars 2012, une mutinerie a éclaté dans la caserne militaire de la ville de Kati à environ 20 km au nord de Bamako. L'élément déclencheur de cette insurrection était le mécontentement militaire des soldats concernant la manière dont était mené le conflit armé dans le nord du pays. Les soldats ont accusé le gouvernement de ne pas leur donner suffisamment de moyens pour lutter contre les groupes armés touaregs.
Les militaires, membres du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDR), nouvellement créé, ont déclaré qu’ils rendraient le pouvoir à un président démocratiquement élu «dès que le pays serait réunifié et que son intégrité ne serait plus menacée».