Le 17 janvier 2019, des agents de police et de l’immigration ont arbitrairement placé en détention 16 personnes réfugiées et demandeuses d’asile à Maratane, le plus grand camp de réfugié-e-s du Mozambique. Deux jours plus tard, elles ont été transférées de la province de Nampula à un poste de police de Pemba, dans la province de Cabo Delgado. Près d’un an et six mois plus tard, ces 11 personnes réfugiées et cinq personnes demandeuses d’asile (14 hommes et une femme de la République démocratique du Congo et un homme originaire d’Éthiopie) n’ont été informées ni du motif de leur arrestation, ni d’éventuelles poursuites engagées à leur encontre.
Ces 16 personnes sont détenues dans des conditions inhumaines. Leur cellule n’a pas de toilettes et elles ont dû creuser plusieurs trous dans la cour du poste de police pour y faire leurs besoins. Elles boivent l’eau jaunâtre du lavabo de la cellule et n’ont pas reçu de nourriture digne de ce nom. Elles n’ont pas de matelas et doivent dormir à même le sol, sur du papier. Chacune de ces 16 personnes a de la famille qui vit au camp de Maratane, dans la province de Nampula, mais elle ne dispose pas des moyens financiers nécessaires pour faire le trajet jusqu’à Pemba et rendre visite aux personnes détenues. De plus, compte tenu des violentes attaques armées qui ont actuellement lieu dans la province de Cabo Delgado, rejoindre Pemba par la route peut être très risqué. Par conséquent, ces 16 détenus n’ont pas vu leur famille depuis leur arrestation en janvier 2019.
Leur détention arbitraire prolongée dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19 représente une grave menace supplémentaire pour le droit à la santé. Les autorités carcérales n’ont mis en place aucune mesure pour éviter la propagation du COVID-19 au troisième poste de police de Pemba.
Amnesty International est très préoccupée par l’incapacité du gouvernement mozambicain à répondre à toutes les demandes concernant cette affaire, y compris les communiqués officiels de l’organisation, malgré des rencontres entre des représentants du gouvernement et des membres du personnel du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et du Conseil des droits de l’homme des Nations unies basés à Maputo. Le 7 mai 2020, dans le cadre de sa 87e session, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a émis un avis (en attente de publication) concernant la détention arbitraire de ces 16 personnes réfugiées et demandeuses d’asile. Il y a souligné l’absence de réponse de la part du gouvernement à la requête du Groupe de travail envoyée le 27 septembre 2019.
Le gouvernement mozambicain est sensible à la pression de l’opinion publique, et il est donc crucial de mettre cette affaire en lumière pour garantir la libération inconditionnelle des 16 personnes réfugiées et demandeuses d’asile, car leur détention est arbitraire et contraire aux normes juridiques nationales et internationales. Cette stratégie a déjà fonctionné pour des affaires sur lesquelles Amnesty International travaillait au Mozambique, elle a permis par exemple la libération du journaliste Amade Abubacar.
Action lettre terminée