Port Harcourt - Nigeria Des expulsions forcées pour faire place à un projet commercial

2 septembre 2010
Le 20 août, le gouvernement de l’Etat de Rivers annonçait à la radio que de nouvelles démolitions d'habitations se préparaient sur le front de mer de Port Harcourt. Des milliers d’habitant·e·s risquent d’être expulsé·e·s de force à tout moment. Certain·e·s habitent là depuis au moins quinze ans. Aucune alternative de relogement n’a été proposée aux locataires, et le gouvernement n’a pas de plan de relocalisation des résident·e·s suite à leur expulsion.

Les autorités de l’Etat de Rivers n’ont pas su mettre en place les protections légales associées aux expulsions forcées dans le droit international (consultation des communautés concernées, notification préalable de durée convenable, offre de logement alternatif convenable, compensations, etc.). De plus, lors des démolitions précédentes sur le front de mer, les forces de l’ordre nigérianes ont fait montre d’un usage excessif de la force.

Septembre 2009: Expulsion forcée d'un quartier du front de mer.

Le gouvernement de l’Etat de Rivers ne s’est pas conformé à sa loi de 2003 relative à la planification territoriale et à l’aménagement. En vertu de cette loi, les autorités auraient dû créer un Conseil pour la rénovation urbaine, qui aurait déclaré le front de mer « zone à réaménager » et préparé un plan de réaménagement pour ces quartiers. Cette loi oblige aussi le gouvernement à reloger tous les occupants et occupantes concerné·e·s. Cependant, les autorités n’ont rien fait de tout cela.

A l’inverse, des dizaines de milliers de personnes ont déjà été expulsées des quartiers du front de mer en 2009, pour faire place à des projets d’ «aménagement urbain». Le gouverneur de l’État a déclaré à plusieurs reprises que les démolitions sur le front de mer visaient à « assainir [les lieux] et surveiller les activités criminelles ». Le gouvernement est tenu de ne procéder à des expulsions qu’en dernier ressort, et non à titre punitif. Il doit examiner toutes les solutions réalisables qui permettraient d’éviter l’expulsion et bannir ou limiter autant que possible le recours à la force.

Selon ONU-Habitat, les habitant·e·s du front de mer vont être expulsé·e·s pour faire place à un projet appelé Silverbird Showtime. Ce projet se compose d’un cinéma doté de huit salles, qui a ouvert en avril 2009, et de bâtiments commerciaux qui restent à construire, notamment un parc d’attraction, un centre de conférence, un centre commercial et un hôtel. Aux termes d’un protocole d’accord entre le gouvernement de l’État de Rivers et l’entreprise Silverbird Ltd, « les occupants actuels [doivent être] évacués pacifiquement et relogés ». Dans le même accord, le gouvernement assure qu’il fera place nette dans un rayon de 2 km autour du site. Le gouvernement de l’État de Rivers investit à hauteur de 20 % dans cette entreprise privée et reçoit en retour 20 % des bénéfices. Il est prévu qu’il loue le terrain à Silverbird pendant quatre-vingt-dix-neuf ans. La zone concernée va, aux termes du protocole d’accord, faire l’objet d’une « rénovation urbaine ».

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