Nigeria deux détenus sur le point d'être exécutés

22 octobre 2012
Deux prisonniers qui attendent dans le quartier des condamnés à mort, dans la prison de Benin City, risquent d’être pendus sous peu. Le gouverneur de l’État nigérian d’Edo a signé leurs mandats d’exécution.

Ayant appris que les potences seraient en train d’être installées, Amnesty International demande l’arrêt immédiat de la procédure.

Lucy Freeman, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International a indiqué : «La décision de signer le mandat d’exécution de ces deux prisonniers témoigne d’un profond mépris pour la procédure judiciaire : en effet, la justice doit encore statuer sur l’appel interjeté en leur nom. Exécuter un prisonnier alors que sa condamnation à mort fait l’objet d’une contestation devant les tribunaux constitue une violation flagrante des droits humains.»

En mars 2010, l’ONG nigériane Projet de défense et d'assistance juridique (LEDAP) a interjeté appel au nom de 840 détenus – y compris les deux prisonniers dont les mandats d’exécution viennent d’être signés. Le tribunal a adressé une injonction faisant droit à cet appel, mais elle a été levée en avril 2012. À la suite de cette décision, l’organisation a déposé un nouveau recours en avril et le jugement est en instance.

«Procéder à des exécutions dans le but de contrôler des détenus " ingérables " est totalement inacceptable», a déclaré Lucy Freeman, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.
Aucune exécutions depuis 2006

Le gouverneur de l’État d’Edo a signé les mandats d’exécution il y a deux semaines, après que les autorités carcérales l’ont informé que les condamnés à mort dans la prison de Benin City devenaient «ingérables». D’après le procureur général de l'État d'Edo, certains condamnés à mort ont récemment pris part à une évasion à la prison d’Oko.

«Procéder à des exécutions dans le but de contrôler des détenus " ingérables " est totalement inacceptable. C’est une mesure arbitraire qui bafoue leur droit à la vie, a estimé Lucy Freeman. Au lieu d’ôter la vie à des prisonniers, les autorités du Nigeria devraient se pencher sur les problèmes de fond qui caractérisent le système de justice pénale.»

Selon le procureur général de l’État d’Edo, les deux prisonniers qui vont être mis à mort ont été déclarés coupables de meurtre. Aux termes du droit pénal nigérian, le meurtre est obligatoirement puni de la peine de mort.

Au Nigeria, les dernières exécutions signalées remontent à 2006, lorsque sept hommes au moins, tous condamnés à mort dans l’État de Kano, ont été pendus dans les prisons de Kaduna, Jos et Enugu.

Des exécutions pour décongestionner les prisons

D’après le Bureau du procureur fédéral et le ministre de la Justice, il existe aujourd’hui un moratoire sur les exécutions au Nigeria, moratoire qualifié de «volontaire».

Les gouverneurs d’État ont déclaré en juin 2011 qu’ils examineraient tous les cas de condamnés à mort et signeraient des ordres d’exécutions, en vue de décongestionner les prisons du pays.

Amnesty International appelle le gouvernement de l’État d’Edo à stopper immédiatement la procédure conduisant à ces deux exécutions et à respecter la procédure judiciaire en cours.