Ce rapport, intitulé «Nigeria: Trapped in the cycle of violence» (pdf, 88 p), décrit à la fois les horreurs perpétrées par Boko Haram et les graves violations des droits humains commises, en réaction, par les forces de sécurité. Il est notamment question de disparitions forcées, de torture, d'exécutions extrajudiciaires, d'incendies volontaires de maisons et de détentions sans procès.
«Ce cycle d'attaques et de contre-attaques est marqué par des violences illégales de la part des deux camps, avec des effets dévastateurs pour les droits fondamentaux des personnes piégées au milieu», a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International. «Des personnes vivent dans un climat de peur et d'insécurité, vulnérables aux attaques de Boko Haram et exposées à des violations des droits humains de la part des forces de sécurité nationales qui devraient au contraire les protéger.»
De graves atteintes aux droits humains ont été perpétrées par Boko Haram, qui a notamment commis des meurtres, incendié des écoles et des églises, mené des attaques contre les locaux de médias et s'en est pris à des journalistes. Le rapport décrit le climat de peur grandissante: la population est trop effrayée pour signaler les crimes et les journalistes n'en parlent pas, craignant pour leur propre sécurité.
Dans le même temps, les opérations de sécurité visant Boko Haram sont conduites sans égard pour les droits humains ou l'état de droit. Des centaines de personnes accusées d'avoir des liens avec Boko Haram sont arrêtées de façon arbitraire lors d'opérations menées par la Force d'intervention conjointe (un groupe qui rassemble des membres de différents services de forces de sécurité, mis en place par le président nigérian pour restaurer l'ordre dans les zones où Boko Haram est présent), le Service de sécurité de l'État et la police.
Un homme a expliqué à Amnesty International que son frère avait été arrêté par les forces de sécurité. Après plusieurs tentatives pour le retrouver, il a finalement vu son cadavre dans un poste de police. «Il y avait [ce qui ressemblait à] des marques de câbles sur son corps, il avait des bleus partout… Le côté droit de sa tête était couvert de contusions. Il avait un air choqué sur le visage. Je ne peux pas l'oublier… Je n'ai pas porté plainte. J'ai peur.»
« Le gouvernement du Nigeria doit prendre des mesures efficaces afin de protéger la population contre la campagne menée par Boko Haram pour faire régner la terreur dans le nord et le centre du pays, mais ces mesures doivent rester dans les limites des règles de l'état de droit. Chaque injustice perpétrée au nom de la sécurité ne fait qu'engendrer plus de terrorisme et crée un cercle vicieux de meurtres et de destructions.
Communiqué de presse publié le 1 novembre 2012, Abuja, Lausanne. Contact du service de presse