L'attaque contre une école dans le nord du pays a coûté la vie à 29 élèves. © Private
L'attaque contre une école dans le nord du pays a coûté la vie à 29 élèves. © Private

Nigeria Des écoles et leurs élèves pris pour cibles

9 juillet 2013
Le gouvernement nigérian doit agir afin de prévenir les attentats visant des écoles, et ainsi protéger le droit des élèves à la vie et à une éducation, a déclaré Amnesty International après que 30 personnes ont été tuées samedi 6 juillet lors d'une attaque menée par un groupe islamiste armé contre un pensionnat.

Il a été ordonné aux écoles secondaires de l'État de Yobe (nord-est du Nigeria) de fermer leurs portes à la suite de cette attaque lancée avant l'aube contre l’établissement secondaire public de Mamudo, près de Potiskum; 29 élèves et un enseignant ont perdu la vie et des bâtiments ont été incendiés. «Il est primordial de protéger la vie de ces enfants, et le gouvernement nigérian doit faire en sorte que ni les homicides et manœuvres d'intimidation visant élèves et enseignants, ni la destruction de bâtiments scolaires ne menacent plus le secteur de l'éducation nigérian», a souligné Lucy Freeman, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

On ne sait pas encore qui est responsable de cette attaque, bien que le groupe Boko Haram ait revendiqué plusieurs attentats contre des écoles par le passé. «Ces attaques violent le droit à la vie et portent atteinte au droit à l’éducation de milliers d’enfants dans le nord du Nigeria. Elles doivent cesser immédiatement, a poursuivi Lucy Freeman. Les autorités nigérianes doivent enquêter sur ces attentats et traduire les responsables présumés en justice dans le cadre de procédures équitables, sans que la peine de mort ne soit requise.» D’après les informations reçues par Amnesty International, des dizaines d’enfants ayant fui dans la brousse après l’attaque de samedi manquent toujours à l’appel.

Education occidentale interdite

Depuis janvier 2013, une trentaine d’écoles auraient été brûlées, dégradées ou détruites par des membres présumés de Boko Haram dans le seul État de Borno, voisin de l’État de Yobe. Ces violences ont notamment pris la forme d’homicides d'enseignants, perpétrés sous les yeux des élèves, et de la destruction de bâtiments scolaires. Plusieurs écoles auraient été contraintes à fermer leurs portes en raison de ces attaques. La traduction de Boko Haram est « L'éducation occidentale est interdite ».

La destruction et les dégâts infligés à des infrastructures et équipements scolaires réduisent grandement la capacité de nombreux enfants à recevoir une éducation dans le nord du Nigeria, où les violences motivées par l’intolérance religieuse se poursuivent. «Lorsque des établissements scolaires sont pris pour cible ou attaqués, les dégâts causés et leurs conséquences peuvent être majeurs et avoir des ramifications très profondes. L’accès à une instruction de base dans un pays où l’éducation est majoritairement vue comme un privilège nécessite la mise en place de structures et de services adaptés, ainsi que la fourniture de livres et d’équipements adéquats aux élèves», a ajouté Lucy Freeman.

Le gouvernement nigérian a l’obligation, en vertu de la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, texte auquel il est partie, de "prendre des mesures pour encourager la fréquentation régulière des établissements scolaires".»