Les récents affrontements mettent un terme à une trêve de facto de trois mois entre l'armée nationale et le M23, qui contrôle la majeure partie du Rutshuru, un territoire du Nord-Kivu.
Des dizaines de milliers de civils, dont beaucoup avaient été déplacés une première fois, ont déjà fui les combats. Du point de vue humanitaire et en matière de sécurité, la situation s'est dégradée de manière spectaculaire depuis que les affrontements entre le M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC, l'armée congolaise) ont repris, le 15 novembre 2012, à une trentaine de kilomètres au nord de Goma.
«L'avancée des combats vers les portes de Goma met des milliers d'autres civils en danger», a déploré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International. «Les combats se rapprochent de plus en plus de Goma et l'armée congolaise et la MONUSCO doivent prendre des mesures coordonnées pour veiller à ce que les civils soient protégés des effets des attaques à venir», a déclaré Salil Shetty. «L'armée congolaise devrait éviter de placer des cibles militaires au sein de zones densément peuplées afin d'épargner la population civile en cas d'offensive de la part du M23», a souligné Salil Shetty.
Le rôle de la communauté internationale
La MONUSCO dispose d'un mandat solide pour veiller à la protection des civils, y compris les travailleurs humanitaires, en cas de menace de violence physique imminente.
«Les casques bleus de l'ONU ne doivent se contenter de prévenir une catastrophe imminente en matière de protection des civils», a affirmé Salil Shetty.
«La communauté internationale doit également prendre des mesures pour mettre un terme aux violations de l'embargo des Nations unies sur les armes et empêcher l'approvisionnement en armement des groupes armés qui agissent dans l'est de la République démocratique du Congo.»
En juillet 2012, Amnesty International a rassemblé des informations indiquant que le M23 comptait dans ses rangs des recrues rwandaises et utilisait des armes fournies par ce pays. L'organisation a également recensé un très grand nombre de violations du droit international humanitaire et d'atteintes aux droits humains commises par le groupe armé, y compris le recrutement forcé d'enfants.
Le groupe d'experts des Nations unies sur la RDC a également accusé l'Ouganda de soutenir le M23. Bien que le Rwanda et l'Ouganda aient tous deux enfreint l'embargo de l'ONU sur les armes, le Conseil de sécurité des Nations unies n'a pas encore pris de mesure concrète pour faire pression sur ces deux pays afin qu'ils cessent de soutenir ce groupe armé. Le Rwanda et l'Ouganda ont tous deux nié publiquement apporter un soutien au M23.
Le groupe armé M23
D'après une déclaration des Nations unies, le M23 serait désormais bien équipé d'armes lourdes, notamment de mortiers de 120 mm. De telles armes peuvent avoir des effets non discriminants lorsqu'elles sont utilisées dans des zones densément peuplées.
À la tête du M23 se trouvent Bosco Ntaganda, un ancien général de l'armée congolaise sous le coup d'un mandat d'arrêt décerné par la Cour pénale internationale.
Depuis la création du M23, en avril 2012, Amnesty International a recensé de nombreuses atteintes aux droits humains imputées à ses membres, en particulier des homicides illégaux, le recrutement forcé d'enfants et de jeunes adultes ou encore des viols.