Des troupes mandatées par l'ONU pourraient être envoyées pour faire cesser le cycle de la violence. © AP photo
Des troupes mandatées par l'ONU pourraient être envoyées pour faire cesser le cycle de la violence. © AP photo

République centrafricaine Des troupes de maintien de la paix pour éviter un massacre

Amnesty International appelle le Conseil de sécurité des Nations Unies à autoriser immédiatement le déploiement d'une force onusienne de maintien de la paix robuste en République centrafricaine. «La population du pays est au bord du gouffre et ne peut pas attendre un jour de plus», a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

Cette semaine le Conseil de sécurité des Nations Unies discute de l'octroi d'un possible mandat aux troupes françaises et de l'Union africaine déjà stationnées dans le pays afin de faire cesser le cycle de la violence. Mais une mission onusienne de maintien de la paix à part entière sera probablement nécessaire pour surmonter la crise actuelle.

«Le Conseil de sécurité de l'ONU doit veiller à ce que les troupes françaises et de l'Union africaine fonctionnent tout de suite comme forces de maintien de la paix efficaces, et qu'elles puissent ensuite être progressivement renforcées en fonction des besoins», a expliqué Salil Shetty.

Amnesty International demande en particulier au Conseil de sécurité des Nations Unies :

- d'en appeler au Secrétaire général de l'ONU pour qu'il commence immédiatement les préparatifs pour le déploiement d'une mission de maintien de la paix robuste en République centrafricaine afin de protéger la population civile, les personnes déplacées et les réfugiés. Il s'agit d'empêcher que le pays ne sombre dans une catastrophe humaine sans précédent;

- d'adopter des mesures transitoires pour enrayer la violence. La communauté internationale doit appuyer une proposition du Secrétaire général des Nations Unies de faire appel à des troupes de maintien de la paix des Nations Unies stationnées dans les pays voisins, jusqu'à ce qu'une force opérationnelle puisse être déployée en République centrafricaine;

- de garantir que tant la mission de maintien de la paix que les mesures transitoires soient dotées d'un mandat clair de protection des droit humains. Ces deux outils doivent être en mesure de prévenir les crimes au regard du droit humanitaire international et de protéger les personnes qui fuient les violences. Les forces de maintien de la paix doivent aussi prévenir la violence fondée sur le sexe et les violations à l'encontre des femmes, et disposer pour cela des compétences et de l'expérience nécessaires.

Il existe un risque évident que les armes qui sont livrées à la République centrafricaine soient utilisées pour violer des droits humains. Amnesty International appelle donc à un embargo international sur les armes à l'encontre de ce pays.


Contexte:

Dans un rapport publié le 30 octobre 2013, Amnesty International a dénoncé les violations des droits humains commises à grande échelle en République centrafricaine. Les images satellite qu'elle a publiées une semaine plus tard montraient les terribles ravages causés par ces violences.

La situation en termes de sécurité s'est rapidement détériorée depuis décembre 2012, lorsque la Seleka, une coalition de groupes armés, a lancé une offensive contre l'ancien président Francois Bozizé. Depuis que la Seleka s'est emparée du pouvoir en mars 2013, les violences imputables à ses combattants et aux groupes armés d'opposition échappent à tout contrôle, dans ce qui est désormais un pays livré à l'anarchie.

Les tensions et les affrontements armés entre les différents groupes ethniques et religieux se multiplient. La majorité de la population est chrétienne, à l'instar de l'ancien président Francois Bozizé. Le président au pouvoir, Michel Djotodia, et la majorité des membres des forces de sécurité sont musulmans, comme le sont les ex-combattants de la Seleka, majoritairement originaires du nord-est du pays, ainsi que du Tchad et du Soudan voisins.

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Communiqué de presse publié le 2 décembre 2013, Londres, Lausanne.
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