Malgré le déploiement d'une nouvelle mission des Nations unies, des dizaines de civils, dont plusieurs enfants, ont été tués ces dernières semaines. © Amnesty International
Malgré le déploiement d'une nouvelle mission des Nations unies, des dizaines de civils, dont plusieurs enfants, ont été tués ces dernières semaines. © Amnesty International

République centrafricaine La mission de l’ONU ne suffit pas à protéger les civils pris pour cible

La crédibilité des Nations unies est en jeu face à la multiplication des attaques contre les civils La mission de maintien de la paix des Nations unies en République centrafricaine doit prendre des mesures courageuses afin de protéger les civils face aux attaques croissantes motivées par l'intolérance religieuse dans le centre du pays, a déclaré Amnesty International après s'être rendue dans certaines des zones les plus touchées.

Malgré le déploiement d'une nouvelle mission de maintien de la paix des Nations unies le 15 septembre 2014, des dizaines de civils, dont plusieurs enfants, ont été tués et des milliers d'autres ont été déplacés ces dernières semaines.

L'ONU doit prendre des mesures plus fermes

Si la capitale, Bangui, est secouée par de nouvelles violences depuis le début du mois d'octobre, les populations vivant dans les régions du centre de la République centrafricaine paient un tribut particulièrement lourd à l'intensification du conflit entre différents groupes armés.

«Si l'on veut qu'elle soit un tant soit peu crédible, la mission de maintien de la paix des Nations unies doit prendre des mesures plus fermes pour véritablement protéger les civils des nombreuses violations auxquelles ils sont exposés», a déclaré Stephen Cockburn, directeur régional adjoint pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale à Amnesty International.

Situation explosive et dangereuse

«Compte tenu des attaques menées par la Séléka, les forces anti-balaka et des combattants peuls armés dans les régions du centre de la République centrafricaine, la situation est extrêmement explosive et dangereuse. Si les mesures qui s'imposent ne sont pas prises de toute urgence, elle pourrait basculer dans une violence sans limite motivée par l'intolérance religieuse, comme ce que nous avons vu cette année dans l'ouest.»

Lors d'une mission dans les régions du centre du pays, Amnesty International a recueilli des informations sur des attaques récentes ayant visé des civils dans les villes de Dekoa et Bambari, et dans plusieurs villages à proximité de Bambari, notamment Yamalé, Batobadja, Matchika, Tchimangueré, Gbakomalékpa et Baguela. Les forces de la Séléka, majoritairement musulmanes et désormais scindées en au moins deux groupes armés, et les milices anti-balaka, essentiellement chrétiennes et animistes, s'affrontent dans la région depuis plusieurs mois.

Tous les camps, qu'il s'agisse de la Séléka, des anti-balaka ou des Peuls armés (membres de l'ethnie peule, et dont beaucoup appartiennent à un sous-groupe de la Séléka), prennent systématiquement pour cibles les civils qu'ils soupçonnent de soutenir leurs adversaires.

Forcés à fuir

Ces récentes violences ont déclenché une nouvelle vague de déplacements dans la zone. Des milliers de personnes ont fui, beaucoup se sont réfugiées à l'église de Notre-Dame des Victoires, à l'extrémité ouest de Bambari. D'autres ont marché jusqu'à Grimari, à 80 km à l'est de Bambari.

Le 26 octobre 2014, un chercheur d'Amnesty International a rencontré plusieurs groupes de civils épuisés qui, craignant de nouvelles violences, fuyaient les villages de Yamalé et Malépu et se dirigeaient vers Grimari. «Bambari et Dekoa sont désormais deux villes fantômes, pleines de maisons vides, de magasins fermés et de bâtiments abandonnés.

Les forces internationales présentes dans le pays doivent intensifier leurs efforts afin de protéger les civils et de leur permettre de rentrer chez eux et de vivre en sécurité », a déclaré Stephen Cockburn.


Complément d’information

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), déployée le 15 septembre 2014, n'a pas encore pu arrêter ni prévenir la plupart de ces violations. Les forces internationales sont dispersées - en particulier parce qu'il manque à la MINUSCA plusieurs milliers de soldats par rapport aux effectifs prévus par son mandat - et n'ont pour l'instant pas été en mesure d'empêcher l'escalade de la violence dans la région centrale du pays.

Communiqué de presse publié le 6 novembre 2014, Londres, Genève.
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