Protéger la population civile Des casques bleus maintenant!

14. September 2006
Malgré la signature d’un accord de paix en mai 2006, les habitant•e•s du Darfour continuent d’être tué•e•s, violé•e•s et chassé•e•s de chez eux par milliers. Ces violences mettent en évidence l’échec de la force de maintien de la paix de l’Union africaine à protéger les civil•e•s du Darfour. C'est pourquoi Amnesty International appelle à l'envoi immédiat d'une mission de paix de l'ONU au Darfour.

© UN Photo Ky Chung © UN Photo Ky Chung

Le 31 août dernier, le Conseil de sécurité a approuvé l’envoi de Casques bleus au Darfour.

Au cœur de la mission de cette force de maintien de la paix, qui doit relayer les troupes de l’UA au plus tard avant la fin de l’année, se trouve la mise en œuvre de l’accord de paix conclu au mois de mai dernier. Sont compris dans ce mandat: l’observation des activités des groupes armés le long de la frontière avec le Tchad et la République centrafricaine; la gestion du retour des personnes déplacées qui souhaitent rentrer chez elles; la garantie de l’accès de l’aide humanitaire à la population civile, ainsi que la mise en œuvre d’efforts internationaux pour protéger les civil·e·s. C’est la raison pour laquelle les forces des Nations unies ont été dotées d’un mandat «solide»: elles disposent ainsi de «tous les moyens nécessaires», y compris la force armée, afin de pouvoir empêcher et défendre les civil·e·s contre des attaques.

Le gouvernement soudanais refuse les casques bleus

Cette résolution du Conseil de sécurité est malheureusement restée lettre morte, le stationnement de Casques bleus dans la région dépendant de l’accord du gouvernement soudanais. C'est seulement à cette condition que la Russie, la Chine et le Qatar ont ainsi accepté de s’abstenir lors de cette prise de décision cruciale. La Russie est effectivement un important exportateur d’armes vers Khartoum, et la Chine est le plus gros bénéficiaire du pétrole soudanais mais est également impliquée dans le commerce d’armes avec les parties en conflit. Le Qatar, en tant que (momentanément) unique pays arabe membre du Conseil de sécurité a, elle aussi, adopté une position non coopérative.

Il faut augmenter la pression

Pour Amnesty International et d’autres organisations de droits humains, il n'est pas possible d’obtenir un visa d’entrée pour le Soudan. Pendant ce temps, la situation pour la population civile s’empire de jour en jour: des informations reçues par les agences humanitaires des Nations unies et d’ONG nous apprennent que ces deux derniers mois ont vu des centaines d’hommes et de femmes innocent·e·s se faire tuer au Darfour, plus de 50'000 chasser de chez eux, et environ 200 femmes et jeunes femmes se faire violer.

En raison de ces sombres perspectives, Amnesty International – en collaboration avec d’autres ONG – a décidé, dans les semaines qui viennent, d’exercer une forte pression publique sur le gouvernement soudanais et sur les membres du Conseil de sécurité faisant preuve d’un manque de coopération.

Amnesty International revendique du gouvernement soudanais qu'il:

  • accepte le déploiement complet et sans entrave des forces de maintien de la paix des Nations unies;
  • cesse immédiatement toute attaque contre la population civile;
  • désarme et disperse immédiatement toutes les milices, en particulier les Janjawid.


Si le gouvernement soudanais persiste dans son refus, des sanctions ciblées devraient alors être adoptées par l'ONU.