Cellule du NISS
© Evelyn Hockstein Polaris
Le rapport d’Amnesty International, intitulé Agents of Fear, rend compte des atteintes aux droits humains institutionnalisées, notamment des arrestations arbitraires, des détentions au secret, des mauvais traitements, des homicides illégaux et des disparitions forcées, qui sont perpétrées depuis plusieurs années par le Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) au Soudan.
«Le NISS domine le Soudan par la peur. L’agression de grande envergure que mènent sur de multiples fronts les services de sécurité contre le peuple soudanais laisse les détracteurs du gouvernement dans la peur constante d’être arrêtés, harcelés, ou même pire», a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.
«Les autorités soudanaises réduisent brutalement au silence l’opposition politique et les défenseurs des droits humains au Soudan par la violence et l’intimidation. Les agents du NISS jouissent d’une impunité totale pour les violations des droits humains qu’ils continuent de commettre.»
Le nombre d’arrestations a atteint son summum pendant les périodes de tensions politiques, comme après une attaque de grande ampleur menée par un groupe armé du Darfour à Khartoum en mai 2008, avant et après que la Cour pénale internationale eut décerné un mandat d’arrêt contre le président Omar Hassan Ahmad el Béchir en juillet 2008, et après les élections en avril 2010.
Le rapport d’Amnesty International relève différentes méthodes de torture utilisées par le NISS, qui consistent notamment à battre les détenus tandis qu’ils sont maintenus la tête en bas contre un mur, à leur infliger des décharges électriques, à les fouetter, à les priver de sommeil, à les rouer de coups de pied, à les piétiner et à les frapper avec des tuyaux d’arrosage.
Les familles sont souvent menacées et harcelées par des agents du NISS, qui tentent ainsi d’exercer une pression émotionnelle supplémentaire sur la victime. Des femmes sont également harcelées et soumises à des manœuvres d’intimidation par des agents des forces de l’ordre et du NISS, et agressées sexuellement pendant qu’elles sont détenues.
Informations complémentaires
Des pouvoirs étendus
Les agents du NISS continuent d’être dotés de pouvoirs étendus en matière d’arrestation et de détention et bénéficient de l’immunité pour toutes les violations qu’ils commettent, en vertu de la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale.
«La Loi relative à la sécurité nationale doit être réformée afin que les agents ne soient plus dotés de pouvoirs étendus en matière d’arrestation et de détention. Toutes les immunités doivent être levées», a souligné Erwin van der Borght. «Les allégations d’atteintes aux droits humains doivent faire l’objet d’enquêtes efficaces menées dans les meilleurs délais et les responsables présumés doivent être poursuivis pour les crimes qu’ils commettent. Des réparations doivent être accordées aux victimes. Sans ces changements, les agents du NISS continueront d’être des agents de la peur.»
Médecin torturé et forcé à l’exil
Ahmed Ali Mohamed Osman, un médecin également connu sous le nom d’Ahmed Sardop, a été arrêté par le NISS le 20 mars 2009 à Khartoum après avoir rédigé un article diffusé sur Internet dans lequel il critiquait la décision prise par le gouvernement d’expulser du Soudan les organisations humanitaires et dénonçait les viols dans la région du Darfour.
«Ils m’ont penché au-dessus d’une chaise et m’ont tenu par les bras et les pieds tandis que d’autres me frappaient le dos, les jambes et les bras avec un objet semblable à un câble électrique», a-t-il indiqué à Amnesty International. «Ils m’ont donné de multiples coups de pied dans les testicules tout en parlant de l’article sur le viol au Darfour.»
Ahmed Sardop a porté plainte auprès de la police et a été examiné par un médecin qui a confirmé ses allégations de torture. Quelques jours plus tard, il a commencé à recevoir des menaces de mort par téléphone: «Nous te trouverons bientôt et nous te tuerons.» Il vit désormais en exil.
Rédacteur en chef battu
Abuzar Al Amin, rédacteur en chef de Rai Al Shaab, un journal affilié au parti du Congrès populaire, a été arrêté chez lui le 15 mai 2010. Il a été conduit dans un centre de détention du NISS, où il a été interrogé au sujet de ses écrits et de son travail journalistique et torturé. Il a été battu, notamment roué de coups de pied, et des décharges électriques lui ont été infligées sur le corps.
Engagez-vous pour Abuzar Al Amin en signant l'action figurant sur notre site international! Action en ligne
Communiqué de presse publié le 19 juillet 2010, Londres / Lausanne.
Contact du service de presse