Des milliers de personnes ont été déplacées par l’offensive militaire gouvernementale au Darfour, à l’heure où l’attention de la communauté internationale se porte sur les préparatifs du référendum et la négociation d’un accord de paix pour le Darfour.
Les élections d’avril 2010 ont été marquées par des atteintes aux droits humains et des menaces à la liberté d’expression, aussi bien dans le nord que dans le sud du pays, et Amnesty International craint que de nouvelles violations de ce type ne se produisent pendant ou après le référendum.
«Les droits humains devraient être au cœur de ce référendum. Le gouvernement d’unité et les autorités du Sud-Soudan doivent clairement faire savoir que les violations des droits fondamentaux ne seront pas tolérées. Le respect, la protection et la promotion des droits humains sont essentiels au succès de ce vote historique», déclare Amnesty International.
Ce référendum s’inscrit dans l’Accord de paix global signé par le gouvernement soudanais et l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) en janvier 2005.
Des milliers de personnes déplacées
Depuis décembre 2010, plus de 20 000 personnes vivant au Darfour ont été contraintes de fuir de chez elles lors d’attaques livrées par le gouvernement de Khartoum contre diverses zones du nord et du sud du Darfour, dont des camps de personnes déplacées à Dar Al Salam, Shangil Tobaya et Khor Abeche.
«En 2004 et en 2005, les attaques, déplacements et autres crimes commis au Darfour ont été éclipsés, sur le plan international, par les négociations en relation avec la signature de l’Accord de paix global entre le nord et le sud du Soudan. Il ne faut pas que cela se reproduise», a poursuivi Amnesty International.
Amnesty International a également indiqué que si les personnes concernées ne se voient pas accorder la double nationalité ou citoyenneté - du Sud et du Nord-Soudan - elles doivent pouvoir choisir elles-mêmes celle qu'elles désirent.
Arrestations arbitraires
Dans le nord du Soudan, les agents du Service national de la sûreté et du renseignement continuent à user des pouvoirs étendus qui leur sont accordés par la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale en matière d’arrestation, de détention, de perquisition et de saisie.
Ils bénéficient en outre de l’immunité pour les violations des droits humains perpétrées dans l’exercice de leurs fonctions. En novembre 2010, 13 militants Darfouriens ont ainsi été arrêtés à Khartoum et maintenus en détention sans inculpation pendant plus de deux mois.
D'autre part, la persécution des minorités ethniques risque de s’intensifier dans le nord pendant et après le référendum.
Les femmes continuent également à subir des traitements cruels, inhumains et dégradants en vertu du régime d’ordre public en vigueur ; elles peuvent ainsi être arrêtées et flagellées en raison de leur style vestimentaire et de leur comportement en public.
Amnesty International demande :
- Qu'il soit immédiatement mis fin aux attaques visant les civils et les camps de déplacés au Darfour, et que les autorités s'engagent à respecter le droit humanitaire et les droits humains consacrés par le droit international avant, pendant et après le référendum.
- Des messages clairs de la part du gouvernement d’unité nationale, du gouvernement du Sud-Soudan, ainsi que de la Commission du référendum sur le Sud-Soudan, messages selon lesquels les atteintes aux droits humains et les violences ne seront pas tolérées.
- Un système efficace d’enregistrement et de traitement des plaintes portant sur les restrictions à la liberté de voter.
- Des procédures de plainte efficaces en cas de manœuvres d’intimidation ou d’autres violences, et des éclaircissements sur la manière de signaler ces violations, avec la garantie que le grand public sera suffisamment informé de ces procédures.
- Des instructions claires à l'intention des policiers émises par leur direction et la mise en place de mécanismes afin que personne ne soit victime d’actes d’intimidation ou de harcèlement pour avoir exercé de manière pacifique son droit à la liberté d’opinion et d’expression et d’autres droits de même nature.
- Que les gouvernements du nord et du sud du Soudan fassent le nécessaire pour qu’une autorité indépendante et impartiale mène dans les meilleurs délais des enquêtes dignes de ce nom sur toutes les allégations de violations des droits humains, et pour que les auteurs présumés rendent des comptes.