Soudan du Sud Journalistes arrêtés pour avoir critiqué le président

8 novembre 2011
Les autorités du Soudan du Sud doivent immédiatement relâcher deux journalistes risquant d’être soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements après avoir été appréhendés pour un article critiquant le président du pays.

Les deux hommes en question sont détenus sans inculpation. Ils se trouveraient au siège du service national de la sûreté (NSS) à Juba, et n’ont pas pu contacter d’avocat ni leurs proches.

«Arrêter une personne au seul motif qu’elle a critiqué le président constitue une atteinte choquante à la liberté d’expression», a déploré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

«Les autorités du Soudan du Sud doivent révéler le lieu précis où se trouvent Dengdit Ayok et Ngor Garang, et remettre ces deux hommes en liberté sans délai», a-t-il ajouté.

Dengdit Ayok, journaliste au Destiny, a été arrêté par le NSS samedi 5 novembre 2011 à son bureau, à Juba.

Ngor Garang est rédacteur en chef du journal The Destiny et travaille pour le journal en ligne The Sudan Tribune. Il a été arrêté mardi 1er novembre 2011 après avoir rencontré le NSS à propos d’un article écrit par Dengdit Ayok, publié dans The Destiny.

Cet article critiquait le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, pour avoir permis à sa fille d’épouser un Éthiopien.

Le 1er novembre 2011, le NSS a suspendu indéfiniment la publication du Destiny et cela malgré la parution d’excuses publiques à Salva Kiir dans l’édition du 31 octobre 2011. Le Conseil d’administration du journal a également imposé une interruption de publication pour cinq jours et suspendu Dengdit Ayok pour un mois.

Détenus sans autorisation du tribunal

Au Soudan du Sud, il est illégal de placer un individu en détention pendant plus de 24 heures sans l’autorisation d’un tribunal, comme c’est le cas pour Dengdit Ayok et Ngor Garang. Aux termes de la Constitution du pays, un suspect doit être libéré sous caution au bout de 24 heures, à moins qu’un tribunal ne décide du prolongement de la détention.

Le mois dernier, James Okuk, journaliste et membre du principal parti d’opposition du Soudan du Sud, le Mouvement populaire de libération du Soudan – Changement démocratique, a été maintenu en détention pendant près de deux semaines pour avoir publié un article critiquant le président du Soudan du Sud.

«La nouvelle Constitution provisoire du Soudan du Sud garantit la liberté d'expression. Il est profondément alarmant que les autorités semblent réticentes à respecter ce droit», a conclu Erwin van der Borght.