«Des gens meurent en détention, sont détenus au secret et sont arrêtés arbitrairement à tour de bras, toujours au nom de la "protection de la sécurité nationale"», a dénoncé Christian Mukosa, chercheur sur le Tchad à Amnesty International. «Le gouvernement fait tout ce qu'il peut pour réduire au silence quiconque ose le critiquer.»
Le nouveau rapport d'Amnesty International, intitulé Au nom de la sécurité. Arrestations, détention et restrictions à la liberté d'expression au Tchad, donne des preuves de la répression violente de toute forme de critique par le gouvernement et des restrictions à la liberté d'expression dans le pays.
Des méthodes anciennes
Le régime d'Hissène Habré, dans les années 1980, était tristement célèbre pour ses méthodes répressives visant à réduire au silence quiconque s'opposait au gouvernement. À son arrivée au pouvoir, en 1990, le président Idriss Deby Itno s'est engagé à mettre un terme aux violations des droits humains, mais la situation a continué de se détériorer.
En mai 2013, une tentative de coup d'État présumée a été réprimée par les forces de sécurité, qui ont ouvert le feu sans discrimination sur un groupe de personnes semble-t-il non armées qu'elles accusaient d'être impliquées. Trois à huit personnes ont été tuées par balle.
Conditions de détention désastreuses
Les forces de sécurité ont ensuite arrêté et incarcéré la plupart des blessés, leur refusant l'accès immédiat à des soins médicaux.
Une trentaine se trouve toujours en détention. Malgré les demandes d'informations formulées par les familles et les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, on ignore toujours où se trouvent bon nombre d'entre eux.
Mahamat Saleh Makki a été détenu pendant quatre mois et n’a été autorisé à voir sa famille que trois jours après son arrestation ; au départ, il n'a pas non plus été autorisé à consulter un avocat.
Tchad : théâtre de graves violations des Droits humains
Une Commission nationale d'enquête a été créée en 2008 pour enquêter sur les violations des droits humains commises pendant et après l'attaque menée en février 2008 par des groupes d'opposition armés contre la capitale, N'Djamena.
Le rapport de cette Commission a conclu à la responsabilité du gouvernement tchadien dans les arrestations arbitraires, la détention illégale et la disparition forcée d’un certain nombre de personnes, comme le dirigeant de l’opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh, dont on reste sans nouvelles à ce jour.
«Le Tchad est quotidiennement le théâtre de graves violations des droits humains, et ces violations systématiques n'ont que trop duré. Les autorités tchadiennes bafouent leur propre Constitution, ainsi que le droit national et international. Il faut mettre un terme aux violations commises par le gouvernement et en poursuivre les auteurs présumés de toute urgence. », a souligné Christian Mukosa.