Malgré certaines craintes, les élections se sont déroulés pacifiquement © AI
Malgré certaines craintes, les élections se sont déroulés pacifiquement © AI

Zimbabwe Des femmes forcées de fuir leur domicile après les élections

7 août 2013
Des militantes politiques vivant en milieu rural au Zimbabwe ont dit avoir été menacées d'actes violents et contraintes à fuir, après avoir refusé de révéler pour qui elles avaient pendant les élections harmonisées. Le président Mugabe a été réélu avec 61 % des voix. Le MDC et certains observateurs électoraux l’accusent de fraude électorale.

Les femmes interrogées ont expliqué qu’elles ont refusé de suivre les instructions de sympathisants de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), qui les engageaient à feindre l’illettrisme, la cécité ou une blessure physique afin que quelqu’un d’autre vote en leur nom. Au moins six femmes ont dit avoir quitté leur domicile avec leurs 12 jeunes enfants, après avoir été menacées par des chefs de villages du district de Mukumbura, dans la province centrale du Mashonaland.

Ces familles affirment qu’elles ont été prises pour cible en raison de leur soutien – avéré ou présumé – au Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti dirigé par Morgan Tsvangirai. «Il semble que les sympathisants de la ZANU-PF aient voulu s’assurer que ces femmes ne votent pas pour les autres partis, et qu’ils aient essayé de compromettre le vote à bulletin secret, a indiqué Noel Kututwa, directeur du programme Afrique d’Amnesty International. Face à ces informations, la police zimbabwéenne doit garantir la sécurité des militants politiques dans ces zones. Les autorités sont tenues d’enquêter sur toutes les menaces de violence et de veiller à ce que les auteurs présumés de celles-ci soient traduits en justice.»

Lors de la dernière élection, un nombre considérable d'électeurs des zones rurales étaient enregistrés comme «électeur assisté» pour des raisons telles que l’illettrisme. Le taux d’alphabétisation du Zimbabwe, qui dépasse les 90%, est le plus élevé d’Afrique.

Une des femmes à qui Amnesty International a parlé, qui souhaite garder l’anonymat, a été menacée pour la première fois dans son village deux semaines avant l'élection. Elle a ajouté qu’elle avait signalé le problème à la police, mais rien n’a été fait. Un cas similaire a également été signalé dans le district de Mberengwa, dans la province des Midlands, où une candidate du MDC a dû fuir son domicile avec trois de ses enfants le weekend dernier.

«Les observateurs électoraux se trouvant toujours au Zimbabwe doivent enquêter sur les informations faisant état de déplacements pour des motifs politiques dans les zones rurales, et faire pression sur le gouvernement afin de garantir que les droits humains soient protégés », a poursuivi Noel Kututwa. «Si l’élection s'est déroulée dans des conditions majoritairement non violentes, il est choquant que ces épisodes se multiplient. La police doit prendre des mesures contre les chefs de village et les autres personnes ayant causé des problèmes dans les zones rurales.»