Le continent américain est l'une des régions les moins sûres pour les défenseur·euse·x·s des droits humains. Déjà dans les années 1960 et 1970, il était courant que des opposant·e·x·s politiques disparaissent. Les autorités invoquaient alors la « sécurité publique ». Aujourd'hui encore, les conflits armés et la répression de l'État engendrent des centaines de milliers de disparitions forcées.
Ce sont surtout des femmes qui recherchent les disparu·e·x·s, en raison du rôle important au sein de la famille que la société leur attribue. Et les proches des disparu·e·x·s ne reçoivent que peu de soutien de la part des gouvernements, qui devraient pourtant se charger des recherches. Iels se retrouvent même souvent exposé·e·x·s s à des menaces et à de la violence. Les femmes subissent en outre une discrimination liée au genre. Elles constatent régulièrement que les autorités ne les prennent pas au sérieux, voire subissent des violences sexuelles.
La campagne #BuscarSinMiedo a donc adopté une approche sexospécifique pour soutenir au mieux les femmes qui recherchent leurs proches.
Des proches en recherche en Colombie et au Mexique
Andrea Bautista et Bibiana Mendoza, venues respectivement de Colombie et du Mexique, étaient de passage en Suisse, au bureau d'Amnesty, en janvier 2025. Elles ont partagé leur expérience des recherches des victimes de disparitions forcées et de l’épuisement qui en découle.
En Colombie, le gouvernement reste immobile, a assuré Andrea Bautista. Les responsables de ces disparitions, qu’ils soient issus de groupes paramilitaires ou narcotrafiquants, sont souvent représentés au gouvernement. Une grande partie des personnes disparues sont des enfants et des adolescents issus des couches les plus défavorisées de la population. Afin d’avoir le temps de rechercher leurs proches, de nombreuses femmes sont contraintes de changer d’emploi. Certaines deviennent par exemple pêcheuses afin de pouvoir effectuer des recherches pendant leur travail.
De son côté, Bibiana Mendoza a donné l’exemple d'une femme qui recherchait son enfant disparu, et dont le mari et l'autre enfant ont été assassinés pendant ses recherches. Le gouvernement n'a offert aucune protection et les autorités n'ont pas réagi après le crime. Bibiana Mendoza et les « Mujeres Buscadoras » s'engagent pour une loi sur les personnes disparues qui garantisse la protection de celles qui les cherchent.
Rechercher sans peur
Avec la campagne #BuscarSinMiedo (#RechercherSansPeur), Amnesty International s'engage pour que les proches des personnes disparues soient mieux protégé·e·x·s et que les gouvernements assument enfin leurs responsabilités. Dans un rapport publié en août 2024, Amnesty précise que les personnes qui recherchent leurs proches sont des défenseur·euse·x·s des droits humains.
Les droits humains des victimes de disparition forcée sont violés, mais également ceux des personnes qui les recherchent. Amnesty International exige des gouvernements concernés qu'ils recherchent activement les victimes de disparitions forcées. L'identité et le sexe des proches doivent être pris en compte afin de créer un environnement qui soutienne les personnes en recherche et les protège des discriminations, du danger, des menaces et des violations de leurs droits humains.
Signez la pétition d'Amnesty International Mexique et défendez les personnes qui recherchent leurs proches.